Voila l'été






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Comité poulpien : qui se cache derrière ?
Pourquoi Zombi la mouche en direct

La bonne carte


Quelle journée ! Et c'était pas fini... Gabriel était encore sous le coup de ce que lui avait raconté Khams quand il arriva au Central Montmartre, demanda sa clé et monta dans sa chambre. Mais au fond, qu'est-ce que ça changeait que Drissa soit sortie ou pas avec l'Haïtien ? se raisonna-t-il en cherchant le numéro de Madame Clarissia. D'un côté, s'il était bien le responsable des désordres de la cité Durel -un doux euphémisme si l'on songeait à la zombification de Kamel et Djaoud, aux incidents dans l'immeuble et au meurtre, sans doute, de Henri Guédélia-, cela en faisait une complice idéale. Un peu trop peut-être... Il avait beau en avoir vu d'autres, il imaginait mal Drissa jouer la comédie à ses parents, se retourner contre eux et les autres occupants de l'immeuble, coucher avec lui pour donner le change et finalement mimer l'évanouissement à la vue de deux cadavres ambulants. À moins d'un envoûtement... D'un autre côté, si elle n'était pas la complice de l'Haïtien, ce dont il était intimement persuadé, elle était alors une victime désignée, d'autant plus désignée du fait de l'existence de cette vieille histoire de cul...
Malgré l'heure tardive, Gabriel composa le numéro de Madame Clarissia en priant, une fois n'est pas coutume, le bon Dieu.
- Vous avez de la chance, monsieur Lecouvreur, fit quelques instants plus tard Madame Clarissia. Figurez-vous que j'ai retrouvé par hasard dans mon fatras la carte d'un concurrent à moi qui pourrait bien être votre homme... Prêtre Hyppolite, dit l'Haïtien, grand initié du vaudou, pratiquant de la main droite, grand voyant, grand médium, etc.
- Ça ressemble aux publicités des marabouts africains ce que vous me lisez là... répondit le Poulpe.
- Nous chassons sur les mêmes terres, cher monsieur. Même si nous le faisons avec plus de sérieux, et surtout plus de discrétion.
- Et vous le connaissez, cet Hyppolite ?
- Je vous l'ai dit : nous nous fréquentons très peu entre oungan. Il y a souvent une lutte sans merci pour la clientèle, des jalousies, des propos malveillants. Cette carte a dû m'être apportée par une de mes fidèles qui voyait d'un mauvais œil l'arrivée d'un autre oungan sur mon secteur.
- Il pratique près de chez vous ?
- L'adresse indiquée est 9 ter rue Bisson, à Saint-Ouen. Il y a aussi un téléphone mais j'ai déjà essayé d'appeler, il est en dérangement. Voilà, je ne peux pas en faire beaucoup plus pour vous, cher monsieur Lecouvreur...
- Si, un dernier renseignement. Vous l'avez depuis longtemps, cette carte ?
- Oh, quelques mois, six tout au plus, sinon elle serait déjà partie à la poubelle.
L'Haïtien, Saint-Ouen, six mois... tout collait à peu près. Enfin une bonne surprise dans cette foutue journée !
- Madame Clarissia, vous êtes un ange. Je vous enverrai des clientes à l'occasion...
- Envoyez-moi simplement votre livre quand il sera terminé, cela me fera déjà très plaisir.
- Euh... oui, bien sûr, je n'y manquerai pas.
Gabriel raccrocha vaguement mal à l'aise, se demandant s'il n'aurait pas mieux fait de lui dire la vérité. Et puis non, il se dit que tout était bien comme ça. Il ouvrit le minifrigo et décapsula sa dernière chopine de Bière du Loup Garou, puis fila à la salle de bains en tétant sa bibine. Il ouvrit la trappe de visite de la baignoire et trouva à tâtons le sachet plastique renfermant le Luger 9 mm, qu'il glissa à sa ceinture. "Casquette de combat" vissée sur la tête, plan de banlieue en poche, il quitta sa chambre et dévala les escaliers en espérant que, cette fois-ci, il avait tiré la bonne carte.


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