Voila l'été






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Comité poulpien : qui se cache derrière ?
Pourquoi Zombi la mouche en direct

Debout les morts


Joseph Caseneuve était un grand type dans la force de l'âge, il semblait aussi sain d'esprit que n'importe quel employé de La Poste mais la peur qui se lisait dans son regard semblait le ratatiner comme une vieille bonne femme. Depuis l'arrivée du Poulpe, il ne cessait de rouler des yeux dans tous les sens comme s'il s'apprêtait à voir débouler à tout instant la réincarnation de Joséphine de Beauharnais.
En fait de réincarnation, il avait fait presque aussi fort : il venait de bafouiller devant Gabriel qu'il avait été attaqué la nuit dernière par ses ex-voisins, alias Kamel et Djaoud, les deux fugueurs de la morgue !
- Vous pouvez me répéter ça calmement ? demanda le Poulpe.
Joseph Caseneuve se leva et vérifia nerveusement la fermeture de la porte d'entrée.
- C'est comme je vous ai dit... Je rentrais du bureau de poste Varenne où je finis mon tri à dix heures. Le temps de discuter un peu avec les copains, y devait être onze heures quand je suis arrivé rue Dolfus. Au moment de tourner dans la cité Durel, j'ai entendu des voix bizarres derrière moi, comme si on parlait du nez. Je me suis retourné et j'ai vu des silhouettes qui m'appelaient, à l'entrée de la rue Bonnet. Je voyais pas qui c'était, alors j'y suis allé...
- Et ensuite ?
- Je me suis approché lentement et quand je suis arrivé assez près, sous le réverbère, je les ai reconnus ! Ka... Kamel, j'ai fait, Djaoud ? Cé... c'est bien vous ? Ils se sont mis à rire de leur voix nasillarde et ils ont avancé vers moi en titubant. Leurs yeux étaient hagards. Les morts marchaient ! Ils disaient : "Joseph, Joseph, on est venu te chercher !" J'ai eu tellement peur que je suis tombé en arrière en reculant et alors ils m'ont agrippé par les jambes pour m'emmener avec eux... J'ai hurlé, je me suis débattu et finalement j'ai réussi à me libérer et à m'enfuir parce qu'ils étaient lents et raides... merci Jésus, Marie, Joseph !
Le père de Drissa en tremblait encore.
- Vous voulez pas boire quelque chose ? demanda-t-il.
- Si vous avez une bière fraîche, je veux bien, répondit le Poulpe qui avait soudain un peu chaud.
Joseph Caseneuve lui rapporta une canette de Tsingtao et se servit une large rasade de rhum Trois Rivières. Ils burent en silence. La peur rôdait dans la pièce, palpable. De l'autre côté, Drissa et sa mère s'affairaient à la cuisine.
- Vous me croyez, j'espère ?
- Euh, c'est-à-dire que...
- Drissa m'a dit qu'on pouvait compter sur vous. Qu'est-ce que vous allez faire ? demanda Joseph Caseneuve en regardant le Poulpe comme s'il était l'archange Gabriel en personne.
- Hum... c'est à vous de me le dire. Vous avez une explication à ce que vous avez vu ?
Le père Caseneuve jeta des regards angoissés autour de lui et baissa la voix :
- Évidemment... ils ont reçu la punition suprême... quelqu'un a capturé leur âme et... ce sont maintenant... des... des mo... des morts viv...
- Des zombis ? dit brusquement le Poulpe.
- Chut ! Taisez-vous pour l'amour de Dieu ! Si on les appelle à la nuit tombée, ils reviennent !
- Vous ne pensez pas qu'il s'agit plutôt d'une mauvaise blague ?
Joseph Caseneuve colla son visage contre celui de Gabriel et articula dans un souffle :
- C'est un coup de l'Haïtien. Je suis sûr que c'est lui... Il a capturé l'âme de Kamel et Djaoud et ils étaient là pour m'emmener avec eux !
L'Haïtien... Le Poulpe hocha la tête et réfléchit un moment. Les délires du père Caseneuve étaient durs à avaler et il renonça pour le moment à tenter de les expliquer. Mais, zombis ou pas, retrouver ceux qui s'amusaient à le terroriser risquait bien de faire progresser son enquête...
- Vous croyez qu'ils vont revenir ? questionna le Poulpe.
Joseph Caseneuve fit un bond sur sa chaise. Une piqûre de tarentule géante n'aurait pas fait plus d'effet.
- Mon Dieu, non ! Par pitié ! De toute façon, c'est nous qui allons partir, je ne veux plus rester ici !
- Vous savez où aller ?
- Oui... non... Je sais pas... J'ai des cousins à Belleville, on pourra peut-être s'arranger.
Le Poulpe se leva et se mit à tourner en rond.
- Écoutez, dit-il au bout de quelques instants, ne faites rien pour le moment, n'en parlez à personne. Je suis sûr que vous n'avez pas vraiment envie de quitter le quartier. Laissez-moi juste quelques jours pour tenter d'y voir clair dans tout ça. J'ai une petite idée...
Le père Caseneuve croyait aux zombis. Il pouvait bien croire au Poulpe !


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