Voila l'été






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Comité poulpien : qui se cache derrière ?
Pourquoi Zombi la mouche en direct

SDF et GDB


Quelques heures plus tard, au milieu de la nuit, une silhouette se glissa en chancelant dans la cour du 19 cité Durel. Elle émit un grognement en se cognant aux poubelles et se dirigea vers la cage d'escalier. La chose puait la charogne. Elle fit quelques pas dans l'entrée avant de s'écrouler dans un renfoncement du couloir, juste après les boîtes aux lettres. Rien ne se passa d'autre cette nuit-là...

Le lendemain matin, le Poulpe se réveilla incommodé par l'odeur fétide qui se dégageait de ses vêtements. Il avait dormi du sommeil du juste à même le sol, après les trois Amsterdam Navigator à dix degrés qu'il s'était enfilées cul sec, histoire de se mettre dans la peau de son personnage. Ces bières ultra-fortes vendues en canettes de cinquante centilitres, à l'image de la Bavaria, faisaient fureur auprès de tous les défoncés. Gabriel comprenait pourquoi. Elles tapaient dur. Il ne savait pas s'il leur devait son mal de crâne et son corps endolori, ou bien si c'était les conditions précaires de son couchage qui en étaient responsables. Un peu des deux certainement...
Il se releva péniblement et regarda autour de lui. L'immeuble était désert et personne n'était venu le déranger -même en octobre, un clodo qui dormait dans une cage d'escalier, ça n'avait rien que de très banal. Gabriel repensa en rigolant à la tête qu'avait fait le type à qui il avait racheté la veille son paquetage complet, manteau, chapeau et sac de couchage, le tout pour une coquette somme. À l'heure qu'il est, celui-là ne devait pas être très frais non plus...
Bon sang, qu'est-ce qu'il puait ! Les effluves nauséabonds, mêlés aux relents d'humidité, remontaient sans doute jusque dans les étages et il s'en voulait d'infliger ça aux occupants de l'immeuble, Drissa la première. Mais il n'avait pas trouvé de meilleure couverture pour surveiller les environs... Il espérait simplement que la planque ne durerait pas trop longtemps !
Le Poulpe replia son barda puis se dirigea en se grattant et en traînant des pieds vers le boui-boui situé au début de la cité Durel. Il savait que le petit déjeuner n'était pas trop le genre de son personnage mais il avait trop envie d'un café et d'une tartine. Malgré son odeur et son aspect peu ragoûtant, personne ne fit d'ailleurs attention à lui et il resta deux bonnes heures dans son coin à écouter distraitement le charabia franco-arabe des habitués. Il songea avec un brin de nostalgie aux banquettes de moleskine du Pied de Porc à la Sainte-Scolasse et aux joutes verbales qui l'opposaient si souvent à Gérard... Il aurait donné cher pour lui faire part de la progression de son enquête devant une bonne Carolus d'Or qu'il tenait toujours au frais spécialement pour lui. Il aurait pu aussi téléphoner à Cheryl et l'entendre lui répondre de sa voix professionnelle avant qu'elle ne retrouve ses intonations sucrées dès qu'elle l'aurait reconnu...
Trêve de rêverie ! Le défaut de son dispositif, Gabriel s'en rendait compte maintenant, c'est qu'il était réduit à attendre, attendre dans sa puanteur que quelque chose se produise... Et ça, la passivité, le Poulpe n'appréciait guère.


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