Voila l'été






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Comité poulpien : qui se cache derrière ?
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Fric-frac à Bécon


Gabriel arriva en Solex aux alentours de minuit à Bécon-les-Bruyères, la ville qui n'existait pas et dont les habitants n'avaient pas de nom, selon Emmanuel Bove. Il trouva sans mal le Cabinet Lelièvre dont il avait noté l'adresse dans la cage d'escalier du 19 cité Durel. Il était situé juste en face de la gare, déserte à cette heure-là.
Le Poulpe fit le tour de la place plusieurs fois, histoire de s'assurer que tout était calme, puis il décompressa pour couper le moteur du Solex. Pénétrer par effraction dans une agence immobilière n'était peut-être pas un risque indispensable à son enquête, mais il avait décidé de passer à la vitesse supérieure et de ne plus s'embarrasser de trop de précautions. Après tout, on n'était jamais si bien servi que par soi-même...
Le Cabinet Lelièvre, administrateur de biens - syndic de copropriété - locations - ventes, donnait sur la rue mais disposait certainement d'ouvertures sur l'arrière. Le Poulpe n'eut aucun mal à pénétrer dans le couloir de l'immeuble grâce à son passe-partout, cadeau d'un capitaine de pompiers de la caserne de la rue de la Pompe, et fila en silence vers la cour. Là, il grimpa sur le local des poubelles et, après une pause prudence de cinq minutes, sortit son attirail : couteau de vitrier à pointe diamant et chatterton. Deux minutes plus tard, il se glissait dans les lieux en refermant soigneusement la fenêtre derrière lui.
Il alluma sa mini Maglite et fit le tour des bureaux à la recherche des fichiers des propriétaires, espérant que tout n'était pas mis sur informatique, cette fichue manie qui, sous prétexte de productivité et de circulation de l'information, avait gangrené toutes les activités administratives et foutu un paquet de gens au chômage. Heureusement non... Il mit tout de même un certain temps à trouver ce qu'il cherchait, un épais dossier au nom de Henri Guédélia.
Le bougre était un bon client ! En plus de la cité Durel, il était également propriétaire d'un immeuble entier place de l'Odéon, d'un autre rue Jacquemont, dans le 17ème, d'une villa à Meudon où il résidait ; il possédait également une propriété à Gaillac, une autre à Courchevel et deux appartements à Cadaquès, en Espagne. D'après les photocopies des actes de propriété, la majorité de ces biens avait été acquise dans les années quarante, pendant ou au sortir de la guerre... De là à en déduire que le sieur Guédélia s'était placé du bon coup côté du manche pendant cette période trouble, il n'y avait qu'un pas, que le Poulpe pourtant se garda bien de franchir : sur le papier, il s'agissait simplement d'un médecin anesthésiste réputé, qui possédait des parts dans une clinique privée de Boulogne-Billancourt et un joli patrimoine immobilier gagné à la sueur de la seringue.
Gabriel félicita intérieurement l'employé qui tenait si bien à jour ses dossiers clients. Il nota également que l'immeuble de l'Odéon était entièrement inoccupé depuis une dizaine d'années et que celui de la rue Jacquemont était en passe de l'être... À la suite de quoi, il remit le classeur en place, effaça les traces de son passage dans le bureau et mit le bordel dans un autre, celui où était situé le coffre, pour faire croire à une effraction crapuleuse. Puis il repartit par où il était venu.
Sur le chemin du retour, Gabriel repensa à un passage de Ringolevio qu'il avait lu le matin même.
"Il faut savoir que l'acide d'une batterie produit une poudre blanche qui ressemble à de l'héroïne et qui se dissout dans l'eau tout comme elle, seulement elle ne vous envoie pas en voyage, elle ne vous rend pas même malade quand on se l'injecte dans les veines. On ne sent rien parce que dès qu'elle arrive dans le sang on est mort. Et elle ne laisse aucune trace. C'est un moyen élégant et facile de se débarrasser des gêneurs, employé dans le monde entier pour éliminer des garçons ou des filles jugés dangereux. On appelle ça un coup fumant parce que ça brûle, ça vous élimine, alors que tout le monde se figure que c'est simplement un cas banal d'overdose, un de plus."
Y'avait de l'idée là-dedans. Cette lecture venait à point pour alimenter le petit moulin personnel du Poulpe qui depuis le début trouvait que cette histoire d'O.D. ne collait pas du tout. Imaginons que les deux squatters étaient devenus gênants pour quelqu'un, le proprio par exemple. Peut-être étaient-ils au courant d'une magouille quelconque. Il était très facile alors pour un médecin anesthésiste de trouver une substance adéquate et de faire croire à l'overdose. Affaire classée. Cette hypothèse en valait une autre. Pour autant, elle n'expliquait pas la disparition des deux cadavres de la morgue et n'indiquait pas le mobile des meurtres.
Ouais... Gabriel décida d'un commun accord avec le Poulpe de dormir là-dessus en attendant qu'une idée ou un événement fasse décanter la situation.


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