Mise à jour : |
Réformé pour cause de pieds plats (13) Il est donc le spécialiste du pied de porc (tellement spécialiste d'ailleurs qu'il laisse faire
Vlad !) : Se considère comme pas raciste du tout puisque : L'âme en question, c'était Gérard, cafetier comme on n'en fait plus, grande et fine gueule à la fois, poète, conservateur de recettes en voie de disparition et gardien des traditions, qui soignait présentement sa mélancolie au calva hors d'âge en houspillant la clientèle. La limonade est un commerce dont le bénévolat est la grandeur ; un respect cachant mal beaucoup d'amitié y tient lieu de profit. Gérard poussait ces vertus jusqu'au sublime, père nourricier, fut-il à crédit, psychiatre qui eût posé les coudes sur le long divan de zinc qu'il essuyait d'une caresse vigoureuse, tout en scrutant la marche du monde d'un peu loin, mais non sans malice, et non sans rage. Aussi passait-il sa colère sur un quarteron d'habitués qui en redemandait et qu'elle revigorait tout autant que la cuisine solidement charpentée qui faisait la gloire de la maison. (105) Gérard était partout et régnait en maître sur son petit monde dont il était le pivot central, indéboulonnable, officiant au bar comme à la cuisine, tenant le crachoir et la dragée haute aux habitués comme aux clients de passage. (115) Donc Gérard règne, commande, grogne et gueule... Il a «l'affection calleuse». S'il provoque ses clients, c'est «pour vérifier leurs réflexes. Un moyen de prendre le pouls des timides et la tension des plus âgés.» (54) ... mais c'est loin d'être un con à la vue basse, et il confronte plus souvent qu'à son tour ses a priori aux contradictions du plus grand de ses clients : Gabriel. Il avait eu avec Gérard une de ces algarades homériques qui faisaient ricaner le bistrotier sur les capacités de Gabriel à trouver la clef des mystères, d'ailleurs pas si mystérieux que ça à ses yeux, étalés chaque jour dans les pages du Parisien. (43) Gérard pérorait, comme à son habitude. Il régnait sur son bar-restaurant comme Théodora sur Byzance. Il servait, en salle comme au comptoir, tenait le crachoir et la caisse, veillait sur son petit monde, accueillait les nouveaux, respectait les anciens, et s'occupait de la santé morale et physique des habitués. Gérard, lui qui n'était jamais tombé plus haut que de son tabouret de bar, un jour où il nettoyait le ventilateur américain. (1) Ils se connaissaient depuis plus de dix ans, et Gabriel l'aimait beaucoup : c'était un ami fidèle sur lequel il savait pouvoir compter dans les pires moments, mais il était bien obligé de constater que les doses de conneries, d'inepties, de lieux communs, déversées à jets continus par la clientèle finissaient par lui encrasser les neurones. (7) Les retours du Poulpe sont parfois difficiles : Le Poulpe : "Bordel, t'es tellement têtu que je commence à croire que tu es issu du croisement d'un âne et d'une bigoudaine". (15) Gabriel secoua la tête, comme navré. ... ça renifle dans ton bouge. Et je viens de me décider, je vais en prendre des vacances, j'en ai marre de ton chien dégénéré et de ta cervelle de pigeon. Et ne compte pas trop sur une carte postale! (19) Ses engueulades avec Gabriel ne sont là que pour rajouter du piment à la vie. Ses bouderies finissent
toujours par des réconciliations autour d'une bonne bière: Souvent leurs discussions prenaient des proportions inimaginables. Les témoins se disaient qu'il en était fini de la belle amitié, que ces deux là ne se parleraient plus jamais. Le lendemain, les compères se retrouvaient sans aucune allusion à leur différend verbal de la veille, les compteurs à zéro, prêts à se bouffer le nez pour un article de journal. (34) Impliqué dans des sujets brûlants d'actualité, tels que le changement d'heure ou la confection
du Pastis, il prend part à tout les débats : Gabriel aime bien cette manière qu'a le patron de s'inquiéter des affaires du monde comme si tout dépendait de son éminent avis. Surtout qu'il ne loupe jamais l'occasion d'enfoncer des portes ouvertes et d'exprimer des opinions qui ne quittent jamais les platitudes les plus éculées, les lieux communs les plus fréquentés. (124) Il s'est découvert une brusque passion pour les phasmes à tiares. (103) Coté musique : la chanson à texte... Jacques Bertin est son chanteur à textes préféré. (71) Il fumerait une seule Gitane par jour. (115) La SOFRES a tort de faire des sondages pour savoir ce que pensent les gens : il suffirait de demander à Gérard. L'opinion publique et lui ça fait un y'a pas de doute ! (124)
|