Au clair de la lune... Cheryl
Gérard
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Comité poulpien : qui se cache derrière ?

Mise à jour :
6 mars 1999

Gérard




Gérard, c'est un véritable pilier de bar, sauf que lui, il est du bon côté du bar. Au Pied de porc à la Sainte-Scolasse, c'est lui qui dirige un petit monde d'habitués qui ont de quoi décourager le touriste perdu.
On me souffle que pour rentrer la première fois au Pied de Porc, il faut forcément être paumé...

Un auteur l'a décrit physiquement mais ce jour-là, il n'est sans doute pas passé assez longtemps pour se faire une bonne idée du tenancier parfois un peu beauf mais simplement bougon :
Avec l'âge, son crâne dégarni lui donnait un petit air de Landru, mais un Landru borné. S'imaginant que mâcher du chewing-gum pouvait pallier la réflexion. Le pire était quand il ressortait un sourire entendu, un sourire qui pouvait faire basculer les filles, mais qui là, franchement, avec le temps tournait à la disgrâce. Son visage était parcouru de tics qui soulignaient encore son côté désagréable. (59)

Réformé pour cause de pieds plats (13)

Il est donc le spécialiste du pied de porc (tellement spécialiste d'ailleurs qu'il laisse faire Vlad !) :
Le chef était un artiste de la cuisine campagnarde. Le plat du jour, de tous les jours, le pied de porc en sauce brune, dit à la Sainte-Scolasse, était une ouvre, un symbole et un élément du patrimoine de l'humanité. Gérard, le patron, n'avait rien à envier à ces hommes légendaires qui consacrent leur vie entière à une réalisation, ces bâtisseurs de cathédrales, ces compositeurs de musique symphonique. (125)

Se considère comme pas raciste du tout puisque :
La preuve : sa femme est catalane, son aide-cuistot roumain et son chien allemand. (71)

Vous l'auriez-vu comme çà ?

L'âme en question, c'était Gérard, cafetier comme on n'en fait plus, grande et fine gueule à la fois, poète, conservateur de recettes en voie de disparition et gardien des traditions, qui soignait présentement sa mélancolie au calva hors d'âge en houspillant la clientèle. La limonade est un commerce dont le bénévolat est la grandeur ; un respect cachant mal beaucoup d'amitié y tient lieu de profit. Gérard poussait ces vertus jusqu'au sublime, père nourricier, fut-il à crédit, psychiatre qui eût posé les coudes sur le long divan de zinc qu'il essuyait d'une caresse vigoureuse, tout en scrutant la marche du monde d'un peu loin, mais non sans malice, et non sans rage. Aussi passait-il sa colère sur un quarteron d'habitués qui en redemandait et qu'elle revigorait tout autant que la cuisine solidement charpentée qui faisait la gloire de la maison. (105)

Gérard était partout et régnait en maître sur son petit monde dont il était le pivot central, indéboulonnable, officiant au bar comme à la cuisine, tenant le crachoir et la dragée haute aux habitués comme aux clients de passage. (115)

Donc Gérard règne, commande, grogne et gueule...
S'il y avait une chose que Gérard n'encaissait pas, à part les tickets-restaurants, c'était qu'on le traite en loufiat de troisième zone. (74)

Il a «l'affection calleuse». S'il provoque ses clients, c'est «pour vérifier leurs réflexes. Un moyen de prendre le pouls des timides et la tension des plus âgés.» (54)

... mais c'est loin d'être un con à la vue basse, et il confronte plus souvent qu'à son tour ses a priori aux contradictions du plus grand de ses clients : Gabriel.

Il avait eu avec Gérard une de ces algarades homériques qui faisaient ricaner le bistrotier sur les capacités de Gabriel à trouver la clef des mystères, d'ailleurs pas si mystérieux que ça à ses yeux, étalés chaque jour dans les pages du Parisien. (43)

Gérard pérorait, comme à son habitude. Il régnait sur son bar-restaurant comme Théodora sur Byzance. Il servait, en salle comme au comptoir, tenait le crachoir et la caisse, veillait sur son petit monde, accueillait les nouveaux, respectait les anciens, et s'occupait de la santé morale et physique des habitués. Gérard, lui qui n'était jamais tombé plus haut que de son tabouret de bar, un jour où il nettoyait le ventilateur américain. (1)

Ils se connaissaient depuis plus de dix ans, et Gabriel l'aimait beaucoup : c'était un ami fidèle sur lequel il savait pouvoir compter dans les pires moments, mais il était bien obligé de constater que les doses de conneries, d'inepties, de lieux communs, déversées à jets continus par la clientèle finissaient par lui encrasser les neurones. (7)

Les retours du Poulpe sont parfois difficiles :
"Ho, mollo les brasses, le Poulpe, t'es en pleine mer des ça agace, répliqua Gérard. Monsieur disparaît pendant des lustres. Pas une lettre pas un coup de fil et quand il refait surface, il nous la joue bêcheuse sur ses grands écheveaux. Y'a de quoi l'avoir mauvaise, c'est moi qui vous le dit" (15).

Le Poulpe : "Bordel, t'es tellement têtu que je commence à croire que tu es issu du croisement d'un âne et d'une bigoudaine". (15)

Gabriel secoua la tête, comme navré.
- Gérard, question intellect, tu ne vaux pas mieux que ton clebs. Excusez-moi Léon.
Le chien eut un mouvement qui, pour tous les habitués, passa pour un haussement d'épaules.
(133)

... ça renifle dans ton bouge. Et je viens de me décider, je vais en prendre des vacances, j'en ai marre de ton chien dégénéré et de ta cervelle de pigeon. Et ne compte pas trop sur une carte postale! (19)

Ses engueulades avec Gabriel ne sont là que pour rajouter du piment à la vie. Ses bouderies finissent toujours par des réconciliations autour d'une bonne bière:
- Vlad, tu permets que je me réconcilie avec l'homme de ma vie, oui ?
Gérard, grand enfant, dissimula mal son enchantement derrière un reniflement qui se voulait méprisant mais qui n'était qu'ému. Gabriel lui envoya un baiser en point d'orgue à son embarras.
(28)

Souvent leurs discussions prenaient des proportions inimaginables. Les témoins se disaient qu'il en était fini de la belle amitié, que ces deux là ne se parleraient plus jamais. Le lendemain, les compères se retrouvaient sans aucune allusion à leur différend verbal de la veille, les compteurs à zéro, prêts à se bouffer le nez pour un article de journal. (34)

Impliqué dans des sujets brûlants d'actualité, tels que le changement d'heure ou la confection du Pastis, il prend part à tout les débats :
Gérard n'en finissait pas de bâiller en attendant que le café goutte dans la tasse. Comme chaque printemps, il se récitait la lettre qu'il se promettait d'envoyer un jour aux autorités concernées, dont l'argument se renforçait chaque année, sur les méfaits innombrables et inacceptables, nuisibles au commerce et à l'équilibre mental des individus, du passage à l'heure d'été.
Depuis six heures ce matin, c'est-à-dire depuis sept heures, d'après l'horloge de la veille, les clients arrivaient, ébouriffés, mal rasés, oeil gonflé, très agités en demandant quelle heure il était, alors que tout le monde savait que le grand cadran blanc, face à la porte d'entrée, avait été ajusté la veille au soir et indiquait la bonne heure, enfin bonne... la nouvelle heure.
(28)

Gabriel aime bien cette manière qu'a le patron de s'inquiéter des affaires du monde comme si tout dépendait de son éminent avis. Surtout qu'il ne loupe jamais l'occasion d'enfoncer des portes ouvertes et d'exprimer des opinions qui ne quittent jamais les platitudes les plus éculées, les lieux communs les plus fréquentés. (124)

Il s'est découvert une brusque passion pour les phasmes à tiares. (103)

Coté musique : la chanson à texte... Jacques Bertin est son chanteur à textes préféré. (71)

Il fumerait une seule Gitane par jour. (115)

La SOFRES a tort de faire des sondages pour savoir ce que pensent les gens : il suffirait de demander à Gérard. L'opinion publique et lui ça fait un y'a pas de doute ! (124)

Le bon sens près de chez vous

"Le poulpe ça ne s'attendrit pas. Faut taper dessus à coups de marteau." Gérard (1)

"Comment il fait pour être aussi sec, avec toute la mousse qu'il s'enfile" (12)

"Le vin rouge, ça contient des flavanoles. C'est bon pour le cour, les flavanoles" (12)

"Nous autres, les garçons de café, pour c'qui est de la station debout, on arrive juste après les gardiens de musée" (12)

"Sans le pied, je serais comme qui dirait cul-de-jatte, au mieux unijambiste, avait coutume de dire Gérard à qui voulait bien l'entendre". (15)

"C'est à Paris que les touristes visitent la France. A nous de les instruire." (65)

"L'avion, l'avion, l'avion,
Ca fait lever les yeux
La bière, La bière, La bière,
Ca fait toujours pisser !
" (65)

"Les délires les plus courts sont les meilleurs." (94)

"J'ai jamais rêvé de le refaire, le monde. Tant que je vendrai mes pieds de porc et que les porcs feront pas la révolution." (94)

"Facile, le sarcasme est l'ultime recours des imbéciles" (103)


Et pour la fine bouche :
Gérard se gratta les trous de nez, chez lui signe de tendresse. (79)