Au clair de la lune...






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Comité poulpien : qui se cache derrière ?

Mise à jour :
14 septembre 1998






couverture du bouquin> Alvaro Pereira a 26 ans, des copains en or et une petite sour qui l'adore. Il a aussi la peau noire des habitants du Cap-Vert. A la sortie de la Foire du Trône, soudain, une bande de skinheads lui fait face. La suite s'étale dans tous les journaux. Deux balles dans la tête. Et Yanissa, la petite sour qui a disparu.
Pour mener à bien son enquête, le Poulpe n'a que le périph' à traverser. La route de la vérité, elle, sera beaucoup plus longue et douloureuse. Car dans la petite ville tranquille de Charençon-le-Plomb, la vérité, on a du mal à la voir en peinture. Et on préfère la garder pour soi.

Par Jean-Jacques Reboux Qui c'est ?




Le fait divers

UN FRANÇAIS D'ORIGINE DU CAP-VERT TUE PAR BALLE PAR UN SKINHEAD A LA FOIRE DU TRONE
Selon la police, on ne savait pas qui avait provoqué la bagarre à l'origine du meurtre, même si de lourdes présomptions pesaient sur les skinheads. Le seul skinhead arrêté n'avait pas ouvert la bouche depuis le début de sa garde à vue. "Le fait que les amis de la victime aient d'abord pris la fuite pouvait être diversement interprété, ajoutait le flic, d'ailleurs on recherchait la jeune personne de race noire qui s'était enfuie à l'arrivée des forces de l'ordre." "Salopard" marmonna Gabriel entre ses dents. On avait retrouvé sur les lieux du crime des tracts racistes anonymes. La veille, sur TFI, le président du Franc national déclarait avoir tiré les conséquences des deux précédents "affrontements suivis de morts d'homme", à Marignane et Vesoul, où ses militants incriminés s'étaient spontanément constitués prisonniers. Depuis, on avait fait le ménage au sein du FN, dehors les brebis galeuses. Le Duce breton parlait de provocation, de complot, même, et s'étonnait "de la concomitance entre les meurtres d'étrangers et ses passages à la télévision." "Salopard" répéta Gabriel, terminant l'article la haine au ventre. Dans un encadré, en bas de page, Le Parisien reprenait le témoignage des trois amis de la victime, selon lesquels d'autres coups de feu avaient été tirés, de l'autre côté de la rue, côté Charençon. Coups de feu que la police attribuait à des pétards de la foire du Trône, d'ailleurs on n'avait retrouvé aucune balle à proximité. Mais les copains d'Alvaro Pereira persistaient.


"C'est fou cette manie qu'ont les immigrés de se jeter sous les balles des fachos, dans ce pays." p.20


Du côté de la critique...

Une hilarante satire politique peuplée de personnages très attachants.

Michèle Witta, Les crimes de l'année, 6, 1997.


Jean-Jacques Reboux livre ici un Poulpe à marquer d'une pierre noire. Une des aventures de l'octopode les plus sombres. Une des plus réussie aussi.
Tant qu'à entartrer, autant choisir sa cible. Dans la grande tarte à la crème qu'est la poulpitude, J.-J. Reboux prend sa part. Gourmand, il choisit la cerise. Pour étouffer le gâteux.

François Braud, Caïn, automne 1996.



Impressions

"On plonge dans l'univers peu ragoûtant mais bien réel des skinheads, et c'est un des points forts du livre. Le monde de la banlieue parisienne est habilement décrit, et le jour sous lequel il nous est montré ne manque pas de vérité. Une certaine France est là, avec l'horreur derrière les façades. L'auteur, comme pour faire un pendant nous décrit, parmi les alliés du Poulpe, une galerie de personnages plutôt sympathiques. Cet épisode se lit avec plaisir et le final (le sort réservé au skinhead) est assez subtil."

Raymond, Montpellier

Après Pouy, Raynal et Daeninckx, c'est au tour de J.-J. Reboux de voir son poulpe publié dans la collection Librio Noir. A croire qu'une sorte de Best-of poulpien est en train de se construire. Et pas cher, en plus! (10F).
Tous les ingrédients nécessaires à une bonne dégustation du poulpe sont ici réunis. On y trouve en vrac et dans le désordre, des skins, des bourgeois cathos, des prolos engagés, un SDF mystérieux, un maire crapuleux... Bref, que faut-il de plus à Gabriel pour partir une nouvelle fois à l'aventure ? Evidemment, les gastronomes ne me feront pas mentir, de bons ingrédients ne suffisent pas toujours au bon goût et à la qualité du plat. Mais ici, le cuistot est un chef et la sauce prend.
Quelle est LA recette ? S'aventurer à répondre à cette question serait de ma part faire preuve d'une outrecuidance mal placée. On peut cependant se risquer à faire quelques suppositions. La force de "La cerise sur le gâteux" tient principalement dans la qualité des personnages secondaires. Le SDF, Joël, que j'ai décrit plus haut comme simple "ingrédient" est en fait une brique essentielle à la construction de l'histoire. D'ailleurs le lecteur aura tout autant envie de connaître le fin mot de l'histoire en elle-même que de voir se lever le voile de mystère qui entoure ce personnage.
Mais il n'est pas le seul. La galerie de personnage est impressionnante de vraisemblance. Le vigile et son chien, la mère du Cap-vert, la soeur de la victime et sa copine d'enfance (par ailleurs, l'évocation symbolique du caractère homosexuel de leur relation n'est pas sans rappeler la grande époque du cinéma américain des années 50 quand, pour cause de censure, le symbolisme et le sous-entendu étaient maniés avec brio).
Pour finir, je ne pourrais donc que conseiller cet opus des aventures de notre mollusque préféré même si j'ai cependant l'impression désagréable que vous l'avez tous déjà lu...
"

Erwan, Ornitho

Ce que l'auteur pense du Poulpe et du sien :
"Je voulais aussi parler dans ce livre d'une bavure policière, dont a été victime une amie algérienne et dont est décalqué mot à mot ce que j'en ai écrit. C'est la première fois que je m'attaque à un roman aussi noir et un à sujet aussi sérieux, même s'il contient une certaine dose d'humour.
Quant au personnage du Poulpe, on n'a pas trop de mal à s'y reconnaître soi-même : j'ai le même âge, à peu près le même parcours, il n'a pas milité mais a des engagements. J'ai plutôt l'habitude de me disperser d'ordinaire avant de refermer les tiroirs pour resserrer la version finale, mais là il m'a été d'autant plus facile d'écrire. L'expérience fut profitable mais le seul regret que j'en éprouve est que l'on ne peut en écrire un deuxième !
"
L'Humanité, 7 septembre 1996


La couverture allemande