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Comité poulpien : qui se cache derrière ?

Mise à jour :
6 mars 1999

Pedro


Pedro est un vieil anarchiste catalan que l'on retrouve dans tous les épisodes. Il approvisionne le Poulpe en armes et en faux papiers divers. La halte chez Pedro est une étape indispensable dans les aventures de notre animal subaquatique préféré.

Pedro, soixante-cinq ans, ex-résistant, ex-imprimeur, ex-apache, ex-militant de toutes les causes anarchistes était beaucoup plus pour le Poulpe qu'un pourvoyeur génial en faux papiers et armes de toutes sortes, du poing américain au lance-roquettes si nécessaire : c'était l'ami, le frère de sang et de maquis du père de Gabriel, disparu alors que celui-ci n'avait que cinq ans, celui qui avait pris dans son cour toute la place laissée vacante, au côté de l'oncle quincaillier qui l'avait élevé. (115)

Gabriel passa chez Pedro à l'improviste, et Pedro était chez lui, comme à chaque fois qu'il passait à l'improviste. Une sorte de politesse télépathique. Et dans le cas contraire, le Catalan était à l'atelier, ou au bistro, ça limitait les risques de plantage. (12)

Côté matos :
Pedro possédait toute la collection des passes des divers arrondissements, soigneusement collectés, dans des conditions assez floues, auprès des facteurs qui les utilisaient comme arme de service. (95)

Ceci dit, comme tout le monde, il a fini par se rencarder sur l'informatique (via son neveu Julio)
Les licences de logiciels sont folkloriques, mais sur son Mac et grâce à son scanner et sa laser couleur , il a « tout ce qu'il faut pour lancer un emprunt convertible de la Banque de France. » Il a même sous le coude la signature du Préfet de Police de Paris, et c'est quand vous voulez qu'il vous la pause au bas d'une lettre de démission. (54)
Sur les étagères patientaient des planches de vignettes automobiles -avec leur récépissé-, de timbres fiscaux, de cartes de presse prêtes à être coulées dans le plastique, de tickets d'horodateur, de diplômes universitaires, de fiches d'état civil et de certificats d'hébergement. Plus des billets d'entrée à Mickeyland, pour le sport, et qui n'attendaient plus que le massicot
(54)

Son vrai nom Luis Amaro apparaît dans la lutte contre le GAL. (31)

Sur ses papiers (faux certainement) : Pedro Ferrer (7)(94)

Il semblerait qu'il aura soixante ans en l'an 2000 mais peut-on se fier à ses papiers ? (7), surtout quand on sait que parfois il en a déjà soixante-cinq... (115) et parfois soixante-quinz ans passés (54)

Côté physique, on sent un passé chargé mais plein de tendresse bourrue. Des années à lutter, ça marque son homme.
Ca se voyait qu'il s'emmerdait, il avait pris un coup de vieux. N'empêche qu'il était toujours aussi beau, avec sa peau mate, ses belles rides patinées et sa gueule d'ananar rangé des rotatives. (12)

La guerre d'Espagne, il s'en souvient :
"Passe donc quelques milliers d'heures à grelotter par moins cinq au fond d'une tranchée paumée dans la sierra, avec un fusil qui a une chance sur deux de t'exploser à la figure, des chefs qui hésitent déjà à te trahir et ne savent pas quel ordre te donner. Avec en perspective une nuit dans une cabane à te faire dévorer par les puces sans parvenir à mettre la main sur une putain de couverture. Le tout agrémenté des tirs d'obus et de fusil des salauds de Nationalistes que tu es venu combattre. Tu verras à quelle vitesse tu en fais le deuil, de ton romantisme. Je te le dis, tout ce qui est bon à prendre dans cette vie, il faut le prendre et en jouir !" (69)

Pedro déménage beaucoup, selon les épisodes. Il a habité dans une longue péniche rouillée en bord de Marne, cinquante mètres, six cloisons, encombrée des différents rebuts de l'imprimerie de Ledru-Rollin (l'île aux amours). (31)
puis à Villeneuve-la-Garenne, toujours dans une péniche Freycinet qui, depuis qu'elle gisait hors d'eau près des chantiers navals de Van Praët, s'enrichissait d'annexes qui lui poussaient sur les flancs comme des tentacules au gré des envies ou des besoins du retraité catalan. La dernière protubérance en date abritait une cuisine dans laquelle flottait une délicieuse odeur qui épata Gabriel. (40)
Ladite péniche -Carmela de son prénom- est ancrée quai Sisley, à Villeneuve-la-Garenne. (94)

Son imprimerie : L'imprimerie de Pedro ressemblait à un élément de décor d'un film en noir et blanc, tourné par un des maîtres du réalisme poétique au moment du Front populaire. On s'attendait à tout moment à en voir sortir le jeune Jean Gabin, sanglé dans une salopette d'ouvrier, le mégot de Gauloise au coin des lèvres et la casquette vissée sur le crâne.
Les groupes de touristes étrangers et des nostalgiques du passé du vieux Paris photographiaient régulièrement ce lieu unique, échappé miraculeusement à la rapacité des promoteurs et magnifié par les marques du temps.
(8)

Ca faisait toujours quelque chose à Gabriel quand il entrait dans l'imprimerie de Pedro. Ce n'était pas un lieu aseptisé, genre rotatives modernes, non. Ca sentait l'encre, le papier, la graisse, enfin tous ces trucs qui rendent un lieu vivant, habité. Et il y flottait comme une odeur de son père, connue de lui seul et totalement subjective.
Et pour cause. Même à cinq ans, et peut-être surtout à cet âge, on est sensible à tout ça. Depuis plus de trente ans que ses parents avaient disparu, bêtement happés sur une route, il ne pouvait plus foutre les pieds dans une imprimerie sans penser à son père, sans le revoir, la tête plongée dans les casiers de lettres de plomb.(...)
On peut y voir, accrochée au mur l'affiche, éditée à l'époque du Front Populaire, qui incitait à rejoindre les Brigades. L'encadrement était le seul luxe de la pièce, mais le verre aurait mérité un nettoyage.
 (95)

Comme autre décor, y'a aussi : un fauteuil semblable à celui de Sylvia Krystel, dans Emmanuelle, à la différence près qu'il était surmonté d'un portrait de Puig Antich, l'une des dernières victimes de Franco. (7)

Même des fois l'imprimerie est dans le bateau (si, si !) :
La coque d'acier était enfouie dans la terre noire du bassin parisien, et depuis les hublots on pouvait observer les mystères de la vie végétale. Racines, vers et insectes divers. Pedro avait peu à peu adjoint d'autres pièces de part et d'autres du bateau, et l'on était surpris, la première fois que l'on pénétrait dans le dédale bidonvillesque des annexes, de déboucher, sur l'immensité oblongue de la cale. C'était là qu'il avait installé son atelier de gravure, de tampons secs et humides. A la grande époque des libérations nationales, des décolonisations, c'est par dizaines qu'ici les faux papiers prenaient des allures officielles. Depuis qu'un peu partout le qualificatif avait pris le pas sur le nom, que national avait supplanté libération, le rythme s'était singulièrement ralenti. Il était devenu méfiant, ne travaillant plus que par l'intermédiaire de trois ou quatre amis très sûrs. Et Gabriel était de ceux-là. (7)

Encore un saut de puce vers le 10ème arrondissemnt :
Il s'est établi Cité de Paradis, dans un sous-sol sans fenêtre et surchauffé.
Des piles de tracts divers étaient disséminés un peu partout et de grandes armoires tapissaient les murs décrépis. Lit de camp défoncé, gazinière et frigo occupaient un angle mort de la pièce.
(21)

Pedro et le père de Gabriel avaient fait la résistance dans le même maquis. Leur amitié était du genre inoxydable et elle dura jusqu'à la mort du couple Lecouvreur. [...]
Après quoi, il reporta tout son amour sur Gabriel.
Pedro était catalan, anarchiste, imprimeur et fasciné par tout ce qui avait trait à la clandestinité. Il avait fabriqué plus de papiers que la préfecture de police avant de se ranger des voitures et de consacrer son talent à un seul client, le Poulpe.
(4)

Juste avant de travailler dans la même imprimerie que le père de Gabriel Lecouvreur, et après avoir goûté de 36 métiers -72 misères, Pedro avait été carreleur. Anar barcelonais, ancien de la colonne Durutti, ex-résistant puis porteur de valises, Pedro était depuis toujours fournisseur d'armes pour les bonnes causes et les vrais amis. Son goût pour le parler codé était célèbre chez les irréguliers, et on l'imitait volontiers pour rigoler en parlant d'une "livraissèn dé carrélagé dé 11.43". (2)

Pedro est comme un poisson dans l'eau dans sa banlieue bordélique. Chez lui, c'est la caserne Dali Baba. Surréaliste à souhait. La Samaritaine de la marge, on y trouve de tout et le cour sur la main. Il s'emmêle bien parfois le credo, le vieil imprimeur, surtout qu'à notre époque les valeurs sont fluctuantes, et après quelques verres de Xérès il confond parfois Gabriel et son père, disparu au volant de sa Simca depuis trois décades. Mais il lui donnerait sa propre chemise noire s'il le fallait. En général c'est pas des fringues qu'il lui demande, plutôt un P. 38 ou des faux papiers. (9)

Donc pour la politique...
A chez lui les ouvres de Kropotkine, un vieil anar russe qui prône la supériorité des mouvements de masse sur l'action minoritaire terroriste. (9)

Il passe des soirées entières à cracher sur tout le monde, les stalinos, les trotskos, les maos, les léninos, pour lui c'est du pareil au même. (94)

Non seulement anar invétéré, il fait aussi dans le fumeur impénitent et il y prend encore plaisir en plus :
Pedro tirait sur sa Boyard papier mais sans filtre avec un bonheur sans faille. Les yeux mi-clos, vaguement couché sur sa chaise. Il recrachait la fumée par les narines, sans hâte. Chaque seconde comptait. Son regard se posait sur la palette de paquets bleus, à peine entamée et rachetée en douce et pour une bouchée de pain, à un militant CNT/FAI, qui l'avait escamotée des locaux de la SEITA. Même en ces temps de pénurie, de vaches maigres, l'imprimeur était paré pour le siècle à venir. Ses doigts noirs d'encre était orange sur les premières phalanges de l'index et du majeur gauche. Ses vêtements étaient imprégnés de cette odeur de noisette grillée, typique du métier.(19)

Quand la SEITA avait décidé d'arrêter la fabrication de son plus redoutable missile anti-poumons (Boyard maïs), plusieurs années auparavant, Pedro s'était empressé d'en acheter une palette qui était entreposée dans une pièce étanche et humide, près du moyeu de l'hélice. Selon ses calculs, à raison de douze clopes par jour, il avait de quoi tenir jusqu'à ses soixante-dix bougies, en l'an 2000. (7)

En sus (ceci n'est pas un gros mot), la cirrhose du foie le guette :
Pedro vieillissait mal. Il n'aimait pas se voir diminuer et compensait au bourgogne rouge, ce qui, pensait Gabriel, n'était pas une solution d'avenir et provoquait sans doute les débordements affectifs comme ceux de l'autre jour sur les moines. (125)

C'est également un aficionado de la corrida, au grand dam de Gabriel :
"Fils, s'était un peu calmé Pedro, le jour où tu auras el senor Miura face à toi... Quand il te regardera de ses petits yeux cruels en frappant du sabot... Quand il rassemblera tous ses muscles te lancera ses six cents kilos vengeurs vers ta grande carcasse de jeune blanc-bec... Quand tu verras ses cornes arriver droit sur toi... J'aimerais être là pour admirer l'arrière de ton pantalon mais faudra pas compter sur moi pour venir te torcher s'il te reste encore des fesses. Car ce jour-là, crois-moi, tu sauras enfin ce que faire dans ton froc veut dire et tu auras peut-être un peu plus de considération pour les matadors." (15)

Quelques sujets de dissension qui rendaient toujours leurs entrevues aussi animées qu'un combat de catch entre Chéri Bibi et l'Ange Blanc : les mérites comparés du vin et de la bière, la cuisine à l'huile d'olive, certaines femmes en particulier et le sport en général. (115)

Pour leurs petites transactions (armes, faux-papiers...), la commission de Pedro s'élève habituellement à dix mille francs (15), parfois à une dizaine de coupures (17).