Au clair de la lune...




Suivez le guide...




















Comité poulpien : qui se cache derrière ?

Mise à jour :
5 mai 1998

Jeunesse








Né le 22 mars 1960 à Paris (31), le petit Gabriel est orphelin depuis l'âge de cinq ans, élevé par un oncle - virtuose du bricolage - et une tante fanatiquement discrets, "il n'avait jamais eu l'habitude de rendre compte de ses faits et gestes".(4)

Etre né un 22 mars, c'était s'offrir Daniel Cohn-Bendit dans le rôle du parrain et une aspiration révolutionnaire largement teigneuse comme marraine à perpète ! (55)

Mal-aimé à l'école...
- Mon nom, c'est Lecouvreur. Quand j'étais môme, à la récré, mes ennemis...
- T'en avais beaucoup d'ennemis ?
- Des tonnes. Le grand jeu, quand je passais à côté d'eux, c'était de crier : "Hé ! Machin ! J'ai vu Lecouvreur, il m'a parlé de toi ! " Marrant, hein ?
- Vachement, fit Adèle qui n'avait rien compris à l'astuce.
(12)

... seule amitié, et non des moindres, qui lui reste de l'école primaire : Cheryl, toute en candeur et en blondeur.

L'école primaire en question, c'est rue Saint-Bernard.
L'école maternelle, c'est au 9 rue Popincourt. (109)

Il a passé cinq semaines de vacances en 1969 à Jarnac, Charente, où la coopérative scolaire les avait placés, ses camarades et lui, dans des familles d'accueil, pour ce qui le concernait chez un vieux tonnelier et sa femme, monsieur et madame Moquay. Longtemps encore après ce séjour, quand on lui demandait ce qu'il ferait plus tard, le petit Gabriel répondait sans hésiter : "tonnelier". (109)

Puis son adolescence n'a pas été que calme...
Accroché à l'encre d'imprimerie qui l'avait sauvé du désastre à une époque où les hormones en ébullition lui flinguaient les gènes en lui yaourtisant la cervelle. Sa bouillie de cervelle qu'il recrachait à la force du poignet. Du sperme et des décibels à la pelle, comme la majorité de ses frères de misère sexuelle, voilà son adolescence pourrie.
Il l'avait soignée à coups de branlettes et de rock n'roll frénétiques. Sur des disques 33 tours qu'il avait tirés à l'Auchan qui venait de bouffer un gros morceau du coin de banlieue, ZUP de merde, où créchait son meilleur pote de l'époque. Ils avaient une combine pour s'introduire dans l'entrepôt et faire leurs provisions. Ils ne se privaient pas, et, sans abuser, en faisaient profiter les copains. Redistribution, déjà.
(49)

Pour ses dix-huit ans, il fait la fête aux étudiants de Nanterre :
Gabriel se souvenait (et pour cause !) plus particulièrement du 22 mars 1978, quand ils étaient allés à Nanterre fêter le dixième anniversaire. Ces connards d'étudiants étaient allés à leurs cours comme si c'était un jour quelconque. Bande d'ignares ! Faut voir comment ils les avaient sortis des amphis. (124)

Il a fait de la fac (histoire ou psycho) à Tolbiac et du bataillon disciplinaire au camp de Frileuse.

Autre version des faits : Après le bac acquis à l'arraché en 1978, il traîna deux ans à Jussieu, histoire d'expérimenter in situ le malaise en milieu étudiant (32) : qui croire?

A eu sa période rasta, juste avant d'être viré du Lycée Voltaire, lunettes noires, cheveux torsadés et fines herbes. (43)

Il a été arrêté en 79, pour l'attaque d'une librairie d'extrême droite. (15)(31)

Cette époque c'était 1979 et déjà sous Giscard perçait Mitterrand. Par une belle après-midi printanière, avec un petit groupe d'amis, Gabriel se paya le luxe de s'occuper bénévolement de l'inventaire d'une librairie d'extrême droite nichée dans le quartier de Saint-Sulpice entre deux officines où l'on dealait des crucifix. Il pulvérisa vitrine et étagères, balança sur les murs des litres de peinture noire ainsi qu'une bonne dose de marrons sur le libraire et sa clientèle nauséabonde. Les flics déboulèrent peu après la fin du happening et, bien que leurs goûts esthétiques les éloignaient de cette forme d'action-painting, ils voulurent néanmoins connaître l'identité de l'artiste. (32)

Parfois le bataillon est au camp de Frileuse parfois à Aiton (Haute-Savoie) quand ce n'est pas en Allemagne!!!
Gabriel Lecouvreur (incorporé cinq semaines plus tard) avait connu trois mois durant, en compagnie de vraies fortes têtes, les galeries de ce centre pénitentiaire avec ses petits chefs aboyeurs et son calbot, cette cellule souterraine d'un mètre sur deux où même l'été la température était glaciale. (...) leur travail quotidien consistait à creuser des trous puis à les reboucher, voire à casser des blocs de pierre à la barre à mine dans l'enceinte même du fort ou, pour les plus chanceux, les moins marqués au rouge (dont Gabriel Lecouvreur) à désherber le cimetière du village. (92)

Y'a aussi une autre version pour l'envoi dans les efficaces bataillons disciplinaires : c'est pour l'attaque au cocktail molotov d'un local de crânes rasés baptisé Block 18 qui se trouvait au débouché du passage des Deux Soeurs, à cent mètres de la quincaillerie.
Un mois plus tard, des braves gens du quartier n'ayant pas manqué de l'identifier et de s'en vanter auprès de la police, sursis cassé, il crapahutait au cour d'une forêt allemande noyée sous la neige. Six mois de bataillon disciplinaire qu'il avait mis à profit pour parfaire sa connaissance des armes. (7)

Ses parents sont morts dans un accident de voiture sur la RN 86, près de La Voulte quand Gabriel avait cinq ans. Elevé par "tata Marie-Claude et tonton Emile dans une ambiance qui sentait la térébenthine et les clous huileux au poids, et puis ils avaient vendu la quincaillerie de la rue Sedaine juste avant leur retraite et leur rapide disparition dans les limbes du temps. (1)

Cet accident l'a évidemment marqué à vie...
Pour Gabriel, l'enfer c'était surtout lui-même, c'est pour ça qu'il courait partout, avec, peut-être, le secret espoir de semer en route les peurs et les monstres qui l'habitaient. En se perdant dans les histoires des autres, il échappait un peu à la sienne. Il oubliait son propre enfer : l'enfer de l'accident d'auto dans lequel moururent ses parents chéris. Douleur initiatique, perte fondamentale, blessure inguérissable. L'enfant de cinq ans qui logeait au fond de ses entrailles criait encore de détresse à cette évocation. L'enfant-Jonas dont il était la baleine, la caverne, la prison. Un enfant blessé qui ne parvenait pas à sortir, à naître de ce grand corps d'adulte. A moins que ce soit l'adulte qu'il était devenu qui ne puisse se libérer de cet enfant blessé qui le poussait sans cesse vers l'enfer, pensant peut-être y retrouver ses parents, et les ramener dans le monde des vivants et des biens portants, tel Orphée son Eurydice. (94)

Ca lui a permis d'avoir un ange protecteur (hormis tata et tonton) tout au long de son enfance :
Cette fameuse morgue, ça faisait un bout de temps que le Poulpe en connaissait le chemin ; une trentaine d'années plus tôt, il y était venu pour la première fois, petit bonhomme de cinq ans à peine, encadré par deux adultes effondrés.
Derrière une vitre, il avait vu son père et sa mère gisant dans la blancheur immaculée d'une mer de draps et de linges ; cette débauche d'étoffes artistement déployées et les sortes de turbans qui enserraient la tête de ses parents donnaient à la scène l'allure d'une toile biblique. Tandis que tonton Emile et tata Marie-Claude pleuraient à chaudes larmes, Gabriel s'était approché du jeune médecin qui assistait à la scène.
- Ils dorment papa et maman ? avait-il demandé.
Le toubib avait plié son imposante carcasse pour lui prendre la main et, d'une voix étrangement ferme, lui avait répondu.
- Oui, c'est ça, bonhomme, ils dorment ! Cet accident, vois-tu, il les a terriblement fatigués ! Alors maintenant, va falloir qu'ils se reposent pendant l'éternité, c'est bien normal... Attention ! Faut pas les réveiller hein, bonhomme, ça pourrait les tuer, tu sais !
Par la suite, c'est-à-dire durant toute l'enfance et une partie de l'adolescence de Gabriel, le docteur Desgrosses s'était comporté comme une sorte de parrain non officiel, s'assurant de loin en loin que "bonhomme" ne tournait pas p'tit con, blaireau, facho ou pire.
(102)

Il conserve un souvenir, toujours présent dans ses bagages : la photo d'un couple d'amoureux en maillot de bain (son papa et sa maman). (20)

mais aussi :
De son père, Gabriel gardait au fond d'un sac quelques caractères au plomb, juste ceux de son prénom et de son nom, sauvés de la refonte un soir de trop-plein. Du corps 60 pour les titres de une : l'année de sa naissance. Un petit jeu d'osselets, lourds comme des lingots et bien plus précieux. Le souvenir de sa mère était plus léger : celui d'un parfum pris dans des boucles brunes (54)

D'où lui vient sa passion pour l'altitude, sa fascination pour cet avion tout droit venu de la guerre d'Espagne en faisant un détour par la Russie ?
Une passion qui remontait à son enfance. Quand il piquait des magazines d'aviation chez le marchand de journaux de la rue Amelot. Pendant des heures, il restait à rêver devant les photos de zincs qu'il avait découpées et collés dans un cahier. (44)

ll voudrait imiter Mac Gyver qu'il ne pourrait pas :
Au lycée, sa moyenne en physique et en chimie n'a jamais dépassé neuf ou dix. (4)

La seule véritable opération chirurgicale qu'il ait jamais subi est un minable appendicectomie pratiquée à l'âge de onze ans. (40)


lecturesidentitésphilosophiedéguisementsméthodesphysique