Mise à jour :
5 mai 1998
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> L'actualité entraîne Gabriel du côté de Jarnac où le cercueil de Mitterrand vient d'être dérobé par un mystérieux commando. Affaire d'Etat qui met sans dessus dessous le monde politico-médiatique et provoque l'indignation générale. Avec l'aide d'un vieux libraire du coin et d'une jeune ouvreuse de cinéma, le Poulpe commence sa périlleuse enquête et découvre çà et là quelques secrets bien gardés...
Par Michel Boujut
Le fait divers
"... tombée ce matin à neuf heures, semant la consternation dans le pays. Le caveau familial a été forcé cette nuit dans le cimetière des Grands-Maisons à Jarnac. Le cercueil de l'ancien chef de l'Etat a disparu... On s'interroge sur le but et l'identité des profanateurs... En direct du ministère de l'Intérieur, la réaction de monsieur Jean-Pierre Chevènement... "C'est une atteinte intolérable qui vient d'être portée aux valeurs de la République. A travers la profanation de la dépouille d'un homme qui, plus que tout autre, incarna ces valeurs, c'est aux fondements même de notre démocratie que s'en sont pris une poignée de fanatiques. Devant la sépulture violée de François Mitterrand, nous devons nous comporter avec la fermeté d'âme des soldats de l'an II..."
Chirac :
"... émotion qui est la mienne. Je vous demande en premier lieu de rester unis face à l'outrage, au-delà de nos sensibilités et de nos appartenances. Tout sera fait, je dis bien tout, pour retrouver les auteurs de cette machination infernale... J'ai par ailleurs donné des ordres stricts pour renforcer la surveillance autour de la tombe du général De Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises, afin qu'une seconde disso.... une seconde disparition ne vienne pas s'ajouter à la première. Un cabinet de crise a été mis en place, en accord avec monsieur le Premier ministre. Il va sans dire, mes chers compatriotes... "
France info
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Du côté de la critique...
L'auteur s'en donne à coeur joie avec les mitterrandolâtres. Le
corps du défunt président est kidnappé par une sensible
Japonaise amateur de bonsaïs d'un genre particulier. L'auteur
amène le Poulpe à Jarnac sur les lieux d'une ville de province
qui a trouvé son heure de gloire. Mais, surtout, il se livre à
un épatant jeu de massacre, citations à l'appui, de cette race
de gens qui entendent se faire un nom à l'ombre du "grand homme
défunt". Les médias y sont joliment épinglés aussi.
Michel Guilloux, L'Humanité, 6 mars 1998.
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Ce que l'auteur pense du Poulpe et du sien :
"Je poulpe, tu poulpes, il poulpe, nous poulpons...
J.B. Pouy lui a taillé sa côte de maille. D'autres, ensuite, lui ont taillé des costards ! Avoir affaire à un personnage récurrent comme le Poulpe est un plaisir sans partage. Et une contrainte épatante, qui vous oblige à ruser avec lui sans le quitter, à l'égarer sans le perdre. Tout consiste à se l'approprier, mine de rien. A se glisser subrepticement dans la peau du Poulpe. Mais on n'entre pas chez lui comme dans un moulin. On ne peut pas lui faire faire n'importe quoi. Lui prêter n'importe quel comportement, ni n'importe quels sentiments. La question n'est pas comment le faire exister ?
Puisque Gabriel Lecouvreur existe déjà. Avec sa logique propre et son attitude devant la vie. La question est : comment lui donner à moudre ce qui va lui permettre d'agir et de penser ? Conformément à sa nature singulière. Ce n'est pas moi qui le guide, c'est lui qui me prend par la main. Ensuite, il me reste à le suivre, là où il m'entraîne à grandes enjambées. C'est mathématique. Le Poulpe se trouve à tel endroit, pour telles raisons. Comment va-t-il s'y prendre ?
Dans ce partage de relais, c'est la diversité des auteurs qui garantit au personnage son identité, la développe et l'enrichit. Lui, met de la sauce piquante et le leste d'un poids d'existence. Il y a quelque chose de tonique et de sportif que de devoir surprendre le lecteur avec ce qu'il connaît déjà...
Parce qu'on sait où il fonce le poulpe, on connaît ses méthodes, et aussi ses pulsions. Un matin, il est en train de boire son café en lisant le journal au Pied de Porc à la Sainte-Scolasse. Et puis voilà une inspiration qui le prend, une histoire qui le fait bondir et rebondir. C'est parti !...
Moi, cette fois, il m'a entraîné du côté de Jarnac (oui ! c'est ma ville natale !). Vous imaginez la suite... Je reconnais que j'ai eu parfois du mal à le suivre, tant il court vite ! Après, pourtant, j'ai regretté de devoir le quitter. Et j'ai abrégé les adieux."
Le journal du polar, février 1998
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