
Comme l'employé de bureau a ses formulaires, il a ses propres instruments de travail, qu'il utilise avec
parcimonie :
Le Poulpe n'aimait pas les armes. Elevé par un oncle virtuose du bricolage, il aimait les outils et,
bien qu'il fût souvent amené à se servir d'une arme, il n'avait jamais été tenté
de le considérer comme un outil. A l'opposé, il avait un jour tué un homme avec un tournevis
sans que son affection pour les tournevis s'en trouvât le moins du monde assombrie. (4)
pourtant il était capable de démonter n'importe quelle arme courante les yeux fermés.
(102)
...malgré ses talents, Gabriel n'était pas perceur de coffres. Dommage ... (95)
Le sport le gonfle (16) mais comment a-t-il donc appris tous ces ronds de jambe?
Il se pourrait que les bataillons disciplinaires lui ait donné une maîtrise
de certaines techniques commandos bien utiles en la circonstance. (59)
Y'a qu'à voir...
Ca, c'est tout le Poulpe, la stratégie et la délicatesse sur deux pattes. Un gars que n'embarrasse
pas le souci de faire des phrases ou de noyer le poisson sous les circonvolutions. (105)
Un Poulpe sur le sentier de la guerre, l'attaque de Fort-Apache à côté, c'était
une partie de Jokari. (48)
Comme il se baissait pour écraser une blatte énorme sous sa Weston, le Poulpe lui assena une
manchette à la base de la nuque. Aux armées disciplinaires, après le casse
foireux de la librairie facho, il avait appris deux choses : se servir d'une arme et neutraliser un type -si
possible par surprise. Le gorille s'effondra pour le compte sur le carrelage et une demi-douzaine de cancrelats
vengeurs reniflèrent aussitôt la masse inerte.(12)
Un des jambes immenses de Lecouvreur bougea, décrivit un mouvement vers le haut et son pied écrasa
les testicules de la face de lune. (8)
Un ricanement de trop. Le Poulpe sentit un picotement familier dans la nuque et décida de ne pas
résister. La baffe partie à la vitesse d'une cible de ball-trap, la lourde pogne du Poulpe fendant
l'air dans un sifflement que n'aurait pas renié le bruiteur de Bruce Lee. Le bruit de l'impact fut assez
réussi, merci. Le Poulpe doubla, mais de l'autre main. (105)
Sa puissance de bras, Gabriel la doit à "ses battoirs, plus connus à la scène
sous le nom des frères Vlan ! et Bing !" (48)
Tonton Emile lui avait appris à se débrouiller, tout seul avec sa bite et son couteau, donc
pas mal de situations mais pas à désosser un ordi. Pour la simple raison que les poumons l'avaient
lâché avant l'avènement de l'informatique de masse. (12)
Gabriel dut, à nouveau, avoir recours à l'Encyclopédie des droites françaises
pour débloquer le processus mémoriel du libraire qui abandonna définitivement toute forme
de résistance. (...)
Il prit le libraire par le col de sa chemise, le força à faire volte-face, et lui montra la clef
à pipe dans le même temps où il lui écrasait le foie d'un puissant direct. Le commerçant
s'écroula pour le compte au milieu des sombres couvertures de ses Bonnard, Rebatet, Suarez, Brasillach,
Astrapov et de ses Jumel. Avant de sortir Gabriel prit un Charyn et un Vilar qui n'avaient rien à faire
en cette compagnie, et laissa les Malet. (7)
Le Poulpe avait un langage secret pour entrer en communication avec toutes les serrures, du moins celles
qui n'utilisaient pas des linguismes trop sophistiqués.(73)
On sait d'où ça lui vient
Gabriel exhuma du fond de sa poche les clefs de la ville, cadeau d'un capitaine de pompiers de la caserne de
la rue de la Pompe. Le passe-partout s'adaptait à tous les systèmes de verrouillage, du mal bricolé
au plus sophistiqué, de Paris et de sa proche banlieue. (7)(115)
Il a des talents cachés de photographe-reporter qu'il met également au service des «bonnes
causes». (69)
Quand il piste une voiture, il se prend parfois pour un indien.
Un vieux truc que m'a appris un Navajo. J'ai flairé les trois routes à ras du bitume. Il a filé
à gauche. (113)
Parfois il la joue à l'américaine
Gabriel gara sa voiture populaire à quelques mètres, le long du trottoir, de manière à
pouvoir surveiller la porte dans son rétroviseur. Quand il faisait des trucs comme ça, il se demandait
parfois s'il n'était pas influencé par les téléfilms américains. Et puis il
se disait que, comme il se refusait à regarder l'appareil à décerveler les masses et à
leur couler de la merde dans le crâne, ça ne devait pas être le cas. Quoique... Peut-être
les ondes étaient-elles capables de traverser les consciences par d'autres moyens ? (125)
C'est vrai que dès fois, mine de rien, il se prend un peu pour James Bond :
Sur l'établi s'entassaient un AK47 et cinq chargeurs, trois grenades quadrillées, un pain d'explosif
malléable et un détonateur électronique commandé à distance. (...) Tout cela
dans une discrète valise métallique recouverte de cuir brun, équipée de casiers comme
une grosse trousse à outils, fermant avec serrures à chiffre. Il ajoutait une lampe torche, une cisaille
démultipliée, plusieurs mètres de corde nylon, des cadenas, un couteau d'assaut. Le grand
jeu. (125)
Côté informatique, son coeur balance : à Charençon le Plomb (12),
il n'est pas doué ; à Toulouse, il se débrouille (13?) ; à
Genève, il a tous les atouts en main.
Il s'assit au bureau, alluma le Macintosh qui trônait au milieu de la table. Un jeu d'enfant que faire
fonctionner cette machine ; le Poulpe y avait été exercé quelques mois plus tôt,
lors de sa mémorable virée à Toulouse, et il en est de l'informatique comme du vélo,
ça ne s'oublie pas. (105)
Il voudrait imiter Mac Gyver qu'il ne pourrait pas :
Au lycée, sa moyenne en physique et en chimie n'a jamais dépassé neuf ou dix. (4)
Et pourtant :
-C'est pas compliqué. Le désherbant total contient du Chlorate de soude. Avec un ajout de sucre,
ça fera un explosif très correct.
- Sérieux ?
- Aussi sûr que Marylin était une bombe sexuelle.
Cinq minutes plus tard, la bombe était contre une fenêtre condamnée. Le Poulpe alluma un vieux
foulard de soie japonais. Recroquevillés derrière une énorme armoire choisie comme repaire,
le poulpe souffla dans l'oreille de Camille :
-J e suis le Mac Gyver de l'explosion. (103)
S'il se prend pour Mac Gyver c'est parce qu'il a appris des trucs vachement importants dans son enfance. Prenez
des notes !
"Mon oncle et ma tante qui m'ont recueilli tenaient une quincaillerie et je sais une chose, les trop-pleins
sont reliés aux descentes mais toujours plus ou moins négligés dans les installations qu'elles
soient sanitaires ou industrielles." (113)
Zavez pas tout compris ? Nous non-plus mais tant que ça lui sauve la vie après tout !
Au détour d'un opuscule, on découvre comment Gabriel peut être minutieux dans la préparation
de ses enquêtes pas forcément orthodoxes. Serait-ce un rite ou une lubie? Question à suivre...
Pour les papiers, il puiserait dans sa réserve personnelle. Des lettres de créance d'agent immobilier
et un passeport québécois encore tout neufs. Il emporta une bonne quantité de liquide, son
agenda avec les numéros privés de personnages importants qu'il n'avait jamais connus, sa trousse
SOS Serrures, une casquette de rechange. Manquait le livre obligatoire. Il allongea un tentacule sur la bibliothèque,
tout en haut, et il en prit un au hasard.
Ces préparatifs étaient le rite, la respiration profonde qu'il s'imposait avant de se lancer, entraîné
par cette appréhension dont, il le savait bien, il ne se libérerait qu'en se salissant les mains.
Mais c'était aussi un stratagème, et il ne le niait pas, pour amener quelque chose de solide entre
la morsure du doute concernant un incident trop ponctuel et l'irrésistible prurit de l'action.
"C'est la peur d'affronter la nada", lui avait dit un jour ce vieux morpion de Pedro.(58)
Avant de s'embusquer dans les chemins creux d'une ville, le Poulpe aimait en arpenter les chemins balisés,
observer les passants, comment ils se parlent, s'engueulent et rient, comment ils se retournent sur les belles
filles ou sur les mendiants. Et quand la jouissance du voyeurisme s'émousse, il suffit d'un truc, demander
l'heure ou son chemin à un quidam, et la machine repart. Gabriel avait érigé cette pratique
en principe. Comprendre comment ça fonctionnait en surface, et c'était gagné pour les abysses.
La densité des vieux et des jeunes, par exemple, donnait une idée très précise de l'apathie
ou du dynamisme ambiant de la ville. La rencontre de Joël l'avait privé de sa balade initiatique, et
il revenait. Il descendit une station après Fraternité, au coeur historique de la ville. Et là,
en émergeant sur le quadrilatère de la place Jacques Soustelle, il avait pigé. À Charençon,
c'était criant, l'apathie tenait le pompon. (12)
Il paraît que, même en étant à Paris, quand une affaire n'était pas terminée,
il s'abstenait en général de remettre les pieds au Pied de Porc. A vérifier...
(95)
Quant à l'amour, ses méthodes sont simples :
Camille : " -Vous avez une psychologie intéressante. Une âme de justicier et des
méthodes de voyou. C'est pas mal pour un seul homme. Je me demande comment vous faites l'amour ?
-Encore ? Comme les hérissons !
-C'est-à-dire ?
-Avec précaution... (103)
    
|