Au clair de la lune...


début de l'aventure



Suivez le guide...

Comité poulpien : qui se cache derrière ?
6
Un p'tit coup de pompe


Gabriel rentra chez lui. Il en avait marre. Les images et les mots tourbillonnaient dans sa tête : cadavre de Paula dans la poubelle, chaussures Nike crampons roulés, short polyester bleu, écusson USE, avenue Ledru-Rollin, “Pied de porc”, Vlad, Maria, Léon le berger allemand paranoïaque, le petit Philippe, Ménilmontant, Cheryl, Sainte-Scolasse, 3 rue Basfroi, Mme Bavarde, 8 rue de Charenton, Mme Commère 11 rue du Rendez-vous, Mme Caquet 18 rue de Picpus, grand-père Roger, “l'oiseau a des ailes, le polikarpov aussi, ils ne sont pas frères”… Il en avait marre.

Les gens croyaient que c'était cool d'être “poulpe”, d'être “Le Poulpe”. Ces connards ne savaient pas. Ils ne savaient rien. “Ouais, ca doit être cool d'être poulpe!”. Idiot! Imbécile! Ouais c'est cool de visiter la morgue et de voir un mec à poil, raide, la tête bleue d'asphyxie, le pathologiste lui coupant le ventre pour montrer les tripes à des étudiants en médecine qui se feront 10 fois moins de fric qu'un plombier et finiront par se flinguer dans l'armoire à balai à côté des chiottes de la salle de visite au 3ème étage de l'hôpital des faubourgs d'une ville de province en face d'une centrale électrique qui ne cesse d'émettre un bruit bizarre toutes les 3 secondes… Gabriel avait à peine commencé cette enquête qu'il en avait déjà marre. Il était très fatigué. Il s'était dit, comme d'habitude, “celle-ci - cette enquête - c'est la dernière, je le jure.” Et comme d'habitude, il croyait vraiment à ses mots - pour le moment.
En fait, ce qui passait vraiment dans sa tête n'avait rien à voir avec la mort de la Paula à la Nike. Il réalisa cela car il savait que c'était bien autre chose qui le faisait divaguer comme ca. En fait, c'était son vieil ami  ! la déprime qui était revenue le voir. C'était un peu normal car c'était bien son heure et jour de visite hebdomadaire : le dimanche après-midi vers 17 heures, le jour le plus déprimant de la semaine et l'heure la plus déprimante de la semaine. Quand la semaine se termine, le week-end est foutu, le soleil meurt et avec le lundi matin qui nous nargue avec sa promesse du début d'une autre semaine de boulot minable, de chômage émasculant, d'école qu'on en a rien n'a foutre, de métro bondé de gens avec des gueules aussi déprimées que la nôtre car ces gens aussi ont passé un week-end minable et ont reçu la visite de leur vieil ami : la déprime...

La seule chose à faire c'était de subir la déprime en essayant de l'oublier. Pour Gabriel, le seul moyen de faire ça c'était de lire un de ces petits livres minables fait pour rigoler 5 minutes ou plus. L'appartement de Gabriel était rempli de ce genre de livres. Il en prit un par hasard de sous une pile, un vieux livre en miettes couvert de poussière qu'il essuya sur son vieux tapis moisi. En fait, c'était bien pour ça que les gens lisaient ces livres minables, avec des titres à la con, écrits par des paumés comme lui, c'était bien pour oublier leurs problèmes, leurs soucis, leurs hantises, leurs névroses, leurs peurs, c'était bien pour s'oublier soi-même, pour oublier qu'on existait, c'était bien pour tout ça que les gens lisaient ces livres minables. Gabriel se coucha sur son lit défoncé et son dessus-de-lit troué et ouvrit le livre avec ses pages gondolantes, jaunes, croustillantes :

URINARD AU DEPART
Un Roman Nickel de Alain Georges-Marie Cloarec
LIVRE I
TOME I
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I
PREMIER EPISODE :
La Tête Bossue
L'inspecteur Urinard mena son enquête jusqu'au bout, et ne trouva rien. Il s'était trompé de dossier.
A cet instant même, le Brigadier Boulba fit irruption dans la pièce. Elle était vide. L'inspecteur Urinard n'y était pas. Finalement, le Brigadier se souvint que l'inspecteur était au second. Il descendit d'un étage en comptant bien les marches.
La seconde irruption du Brigadier Boulba en déclencha une autre.
“Comment ?!!!
- L'accusé Voltemerde s'est échappé, Chef”, répéta le Brigadier jubilant de l'effet de son irruption réussie.
- “Et comment ça ?, demanda Urinard.
- Assez facilement, rien n'a été forcé.
- Quand ça ?
- Juste après son déjeuner.
- Le salaud. Il a bien bouffé aux bons soins de l'Etat et il s'est tiré.
- Oui, et aucune trace d'un pourboire.”
Soudainement, l'inspecteur réalisa :
“Aucune trace... Volatilisé !...
- Pardon ?
- Volatilisé !!!
- Ah, oui Chef, tout de suite”, et sur ce, le Brigadier Boulba se volatilisa en plein air et disparu en un rien. Il crut à un ordre de son Chef.
“Putaindemerde !”, s'exclama l'inspecteur. Il ferma le dossier, enfila sa veste et mit son chapeau. Il l'enleva, le regarda, le remis, l'enleva de nouveau puis se gratta la tête. Immédiatement il sentit la cause : SA TETE ÉTAIT SOUDAINEMENT DEVENUE BOSSUE !

Cal Calenario


Alain C., New-York





Les autres chapitres
1...2...3...4...5...7...8...9...10