Mise à jour :
27 juillet 1998
27 juillet 1998
En attendant Topeaut
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- Et maintenant ? J'espère que tu regrettes de ne pas avoir suivi la piste Ruth. T'es gonflé Gabriel, tu me demandes des infos et tu te fiches de ce que je te dis. La prochaine fois, je te laisserai patauger. La formule le renvoya au gastro-épisode de la veille, des eaux plus troubles que Cheryl ne pouvait l'imaginer, des eaux dans lesquelles on ne laisserait pas mariner un poulpe. Il était temps de s'attaquer à la liste des courses. Pour ne pas laisser le dernier mot à sa blonde préférée et lui prouver que ses sens ne le mèneraient pas tout droit vers la rousse pulpeuse, il estima qu'une rencontre avec la Kit' Christine s'imposait. Un petit détour par le photographe de la gare de l'Est avant de s'élancer dans sa fidèle quaterelle vers les tours de la Défense qui abritaient le siège de la NTM (Nike Trade Market). La pochette était sans surprise, les tatouages photographiés n'étaient pas aussi énormes que Victor les avaient décrits et ils représentaient une figure assez classique du signe des gémeaux. Le maniaque du scalpel était fondu d'astrologie ou encore plus tordu qu'il ne l'avait imaginé. Il n'eut pas à franchir les portes de la NTM, un taxi stationnait devant l'immeuble, son chauffeur allant à la rencontre d'une jeune femme qui se déplaçait sur 4 roues, Gabriel le prit de vitesse : - Bonjour Madame, Julien Chardet des "Echos du nouvel économiste face aux challenges", je prépare un papier sur les mutations de l'Asie et leurs influences sur les filiales françaises de grandes compagnies américaines, auriez-vous un instant à me consacrer ? Le visage de Christine avait toujours les jolis traits qu'il avait pu remarquer sur la photo mais ils s'étaient durcis, et à l'instant même ils semblaient figés dans la plus grande terreur qu'il aurait jamais pu penser inspirer. - Ne vous approchez pas où j'ameute la sécurité de NTM. Vous n'êtes pas journaliste. C'est Topeaut qui vous envoie ? - Un problème madame ? - Non, madame se passera de taxi, je la raccompagne moi-même. Ecoutez je ne sais pas qui est Topeaut et je veux simplement vous parler de Paula. - Vous êtes un ami de Paula ? Gabriel lui fit un bref résumé des chapitres précédents sans s'étendre sur l'épidémie de gastro : le meurtre, ses résonances sportives, l'USE, l'incendie, la cassette vidéo, Ruth Aubin, le tatouage astro... - La police m'a interrogé après le meurtre de Paula, avec cette inscription "Christine : 1, Baby-sitter : 0", j'étais dans la ligne de mire jusqu'à ce qu'ils me voient. Infirme ça rime avec victime. Si vous aviez vu leur air compassé. C'est peut-être ça qui m'a empêché de leur raconter ce que je savais. - Et Poteaut ? - Topeaut, c'est une autre histoire mais elle peut vous intéresser, raccompagnez moi si vous voulez, j'ai envie de vous faire confiance et je veux vous montrer quelque chose. Avant de plier le fauteuil pour le faire entrer dans la quaterelle, Gabriel pris la jeune femme dans ses bras et l'installa à l'avant. Ce petit instant d'intimité l'aida sans doute à risquer cette superbe entrée en matière. - Je peux vous demander ce qui est arrivé à vos pieds ou vous ne souhaitez pas en parler ? - Oui et tu peux aussi me tutoyer. Ca ne me dérange pas d'en parler, j'ai même été jusqu'à l'écrire, des mémoires en quelque sorte, j'en étais à l'incendie de l'USE quand quelqu'un a piraté mon fichier. Pour en revenir à ce qui t'intéresse, ça s'est passé il y a 13 ans, j'étais chez mes parents à la campagne, ils essayaient la nouvelle tondeuse à gazon, je prenais le soleil, la machine s'est emballée, mes pieds ont été sectionnés. Le gauche est resté coincé dans les lames. Le droit a été éjecté à l'autre bout du jardin. Notre chien qui avait trop vu de film de Lynch est parti avec. La chirurgie n'a rien pu faire pour moi. Le ventre de Gabriel fit un tour sur lui-même, et ce n'était pas cette fois un effet de la gastro. Ils arrivèrent chez Christine, un joli rez-de-jardin dans le 15e arrondissement. - Tu ne m'as toujours pas dit qui était ce Poteaut, un pote à toi ? - Pas vraiment non, Topeaut travaille à la NTM, il s'occupe des marchés avec le bloc de l'Est et voudrait bien récupérer les marchés asiatiques dont je m'occupe. Je le sais capable des pires crasses pour y parvenir. Autant dire que nos rapports ne sont pas excellents. Je possède des preuves qui l'impliquent directement dans un trafic de places pour la coupe du monde. J'ai une disquette dans un coffre, une copie de ses transactions avec plus de 300 supporters arnaqués. Je le soupçonne également d'avoir piraté le premier jet de mes mémoires. C'est un type dangereux mais je ne le pense pas capable d'un truc aussi dégueulasse. Regarde ce que j'ai reçu hier. Christine tendit un colis à Gabriel. L'estomac de ce dernier fit une nouvelle fois un tour complet sur lui-même lorsqu'il ouvrit le paquet et vit pliée comme une étole, la parcelle décorée du dos de Paula. - Je crois que j'ai besoin de prendre l'air. Gabriel ouvrit la porte-fenêtre, ses pieds foulèrent le gazon au vert peu naturel avant de buter contre un petit monticule qui laissait apparaître une main féminine. Les grandes paluches du Poulpe vinrent vite à bout du reste de terre qui recouvrait la demoiselle, une jolie rouquine à la gorge tranchée, la poitrine moulée dans un tee-shirt sur lequel s'inscrivait "Christine : 2, Ruth : 0". - Dis-moi Christine, dans tes mémoires, t'as parlé de Cheryl ? Lucie Broccoli |
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Diantre que de nouvelles infos ! Mais Cheryl est-elle également en danger ?
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