Les épisodes de la série Le Poulpe ont ceci de particulier et de profondément troublant
qu'ils sont situés dans la vie réelle. Souvent, on utilise des faits ayant existé, par soucis
d'authenticité, mais dans ce cas présent, les ouvrages ont pour cadre référent l'actualité
la plus directe, celle qu'on ne peut regarder avec du recul, celle qu'on doit juger, celle à laquelle on
doit prendre part. Par ailleurs, et comme un écho distordu par le temps, les références à
un passé d'autant plus proche qu'il demeure en mémoire par sa cruauté, mais parfois aussi
par sa beauté, sont légions. Des liens qu'ils nous faut mettre à jour unissent présent
et passé, actualité et faits historiques.
Les événements actuels
Les rapports avec l'actualité sont d'autant plus nombreux que l'action de la série se situe
en plein cour de Paris, à notre époque. Les protagonistes sont des gens tout à fait normaux,
et pour prendre un exemple, le «Pied de Porc à la Sainte-Scolasse» est un café-restaurant
comme on en trouve dans chaque quartier. Le rapprochement est donc aisé, et rien n'empêche le lecteur
de se rattraper à la réalité la plus banale. De plus, et c'est déterminant, les épisodes
sont nombreux et paraissent à un rythme très soutenu, qui peut avoisiner les trois exemplaires par
mois. L'éloignement temporel est par là même très réduit, puisque les affaires
réelles auxquelles l'auteur fait allusion datent de quelques mois seulement.
Pour illustrer à quel point les aventures du Poulpe sont en lien direct avec l'actualité, on peut
prendre l'exemple narré par Jean-Jacques Reboux dans La cerise sur le gâteux, où Gabriel enquête
sur l'assassinat d'un jeune originaire du Cap-Vert par une bande de skinheads. Reboux évoque le sujet :
«Je voulais aussi parler dans ce livre d'une bavure policière, dont a été victime une
amie algérienne et dont est décalqué mot à mot ce que j'en ai écrit. C'est la
première fois que je m'attaque à un roman aussi noir et un à sujet aussi sérieux, même
s'il contient une certaine dose d'humour.»(67). De même, et il
en a été question précédemment, les dédicaces aux trois jeunes gens victimes
des agissements du Front National plaquent le récit dans la véracité. La fiction peut bien
constituer une grande partie de l'ouvre, le récit est figé dans le possible. Si le rapprochement
est délibérément fait par l'auteur, il introduit invariablement la notion de doute chez le
lecteur, qui ne sait plus ce qui est faux, mais qui en tout cas sait ce qui est vrai.
Certains auteurs choisissent aussi de ne pas laisser planer de doutes sur l'origine de l'intrigue, à l'instar
de Gérard Delteil, qui dans Chili incarné précise à l'aide d'une note à la fin
de l'ouvrage que «cette sinistre histoire [...] n'est hélas pas aussi loufoque qu'elle peut en donner
l'impression au lecteur»(68), avant de conclure que «dans le domaine
de l'horreur, la réalité dépasse largement la fiction»(69).
A l'aide de coupures de presse et de précisions historiques, il place son intrigue sous le sceau, non plus
du possible, mais du vrai. Le réalisme atteint là son paroxysme, et la notion d'engagement prend
pleinement son sens.
On trouve aussi des stigmates du traitement réservé à l'actualité dans les détails
quasiment imperceptibles des passages qu'on juge hâtivement sans intérêt. Ainsi, au début
de l'épisode Lapin dixit, de Serge Meynard, la revue de presse de Gabriel, désormais habituelle,
passe l'actualité au crible. Il détaille, non sans humour, la crise de la vache folle, une prise
d'otage à Roubaix, ou encore les élucubrations d' »un ministre de l'intérieur qui n'ouvre
la bouche que pour dire des bêtises»(70), en somme des informations
véridiques et officielles dont tout le monde garde le souvenir (d'autant plus que c'est très récent).
Au détour de phrases anodines, comme celle qui introduit l'ouvrage de Gérard Lefort : «C'était
le soir de la mort de Léon Zitrone .»(71). Cette phrase, dont
on peut douter de la pertinence au début d'un épisode du Poulpe est très importante, puisqu'elle
fixe, elle colle un cadre temporel autour de la fiction.
Les liens avec l'actualité immédiate sont nombreux, qu'il s'agisse de simples phrases garnissant
l'intrigue de repères réels, et lui conférant ainsi un statut d'authenticité, ou d'affaires
détaillées, en rapport direct avec notre environnement, qui font l'objet de tout un épisode,
et il faut bien se rendre à l'évidence que ces ouvrages sont à consommer dès leur parution
; sans aller jusqu'à dire qu'ils perdent ou perdront leur intérêt après-coup, il est
certain que c'est lorsqu'il y a adéquation entre les deux cadres, celui du réel dans la fiction,
et celui du réel dans la réalité que l'ouvrage atteint le mieux son but. Pourtant, les évocations
d'un passé prétendument figé par le temps sont très nombreuses dans la série,
et il convient de voir pourquoi.
Les auteurs ont su placer l'action de chaque aventure de Gabriel dans un contexte résolument actuel, ils
ont choisi de cribler la série de références à un passé récent, qui se
trouve être commun à toute une frange d'individus : les libertaires. Peu connus, peut-être parce
qu'ils ne conçoivent pas les enjeux et les luttes comme les «ténors» des formations politiques
traditionnelles, ils sont pourtant à la fois actifs, et nantis d'une histoire commune souvent tragique,
mais si belle quelquefois.
Les rapports affectifs avec l'histoire
Les personnages du Poulpe comptent dans leurs rangs des individus proches du courant de pensée anarchiste,
ce qui en fait les gardiens de vérités souvent oubliées ou passées sous silence. Ainsi,
Pedro et Maria, les deux réfugiés espagnols, représentent-ils la figure de la résistance
à l'oppression fasciste. Farouches opposants au régime franquiste, ils ont connu les tourments et
la prison, et symbolisent la mémoire de tout un peuple. Si la guerre civile espagnole, qui déchira
le pays de mille neuf cent trente-six à mille neuf cent trente-neuf a vite été occultée
par la deuxième guerre mondiale, il ne faut pas oublier qu'elle a marqué à jamais le Peuple
de ce pays, uni dans la résistance, malgré les divergences idéologiques de chacun. Il est
donc naturel que Pedro, qui a «vu torturer, avilir, assassiner»(72)
porte la parole, le message du drame espagnol. Les références au conflit en Espagne sont omniprésentes
dans la série. Du Polikarpov, l'avion fétiche de Gabriel, qui, ne l'oublions pas, est «un chasseur
russe qui en a fait voir de toutes les couleurs aux franquistes»(73)
au clin d'oil à la CNT/FAI, le syndicatanarchiste qui s'est opposé farouchement à la dictature
de Franco, les traces d'un passé que beaucoup croyaient révolu surgissent au détour des enquêtes
de Gabriel. Il en est de même avec toutes les références aux théoriciens politiques,
où ceux-ci ne sont d'ailleurs pas toujours ménagés ; c'est le cas par exemple de Lénine,
dont les Oeuvres choisies font office, chez Gabriel, «de support innocent à une bouteille d'armagnac»(74). Mais, hormis ces innocentes plaisanteries, il est flagrant que tous les
moyens sont bons pour apporter des informations, souvent méconnues, sur l'histoire des mouvements d'extrême-gauche.
C'est pour cela que Michel Cardoze, auteur de Du hachis à Parmentier, donne à Gabriel, en guise de
faux-nom, le patronyme d'un «héros des métallos CGT, communiste fusillé par les nazis
sur recommandation de Vichy»(75), Jean-Pierre Timbaud. De cette habile
manière, qui, tout en servant l'intrigue, permet au lecteur d'enrichir sa connaissance d'actions et de personnages
importants pour la mémoire collective, l'auteur a le loisir de transmettre son savoir sur tel ou tel pan
de l'Histoire ouvrière. On ne peut pas détailler dans son ensemble toutes les références,
clins d'oeil et hommages réalisés par les auteurs, par l'intermédiaire du Poulpe. La série
complète en est baignée, à tel point que le passé, loin d'être figé et
suranné, s'intègre parfaitement dans l'action. A aucun moment on ne peut déceler un quelconque
manque de rythme et de cohésion entre les faits actuels et le passé. Tout est ordonné de la
manière la plus naturelle, celle où le passé se fond dans le présent, en le modelant,
du fait même de son statut.
On trouve aussi, dans certains ouvrages, la description de faits qu'on ne peut pas classer dans l'Histoire des
mouvements communistes et anarchistes, si souvent passées sous silence, et qu'on ne peut pas pour autant
ranger dans les faits d'actualité, puisque datant de quelques années : il s'agit de ce qu'on appellera
par commodité les faits d'armes. Derrière ces termes pour le moins hermétiques, il faut voir
toutes ces actions souterraines, ces affrontements sauvages et clandestins que les militants connaissent comme
autant de légendes. Pour cerner ce concept, il suffit de lire les quelques trois pages que Roger Martin,
dans Le G.A.L, l'égoût, consacre au récit de la principale occupation du Poulpe, à l'époque
de la fac, «la lutte anti-fafs»(76).
Il y est longuement décrit sa «participation musclée à quelques descentes à Assas»(77), université connue pour la présence polluante des «nervis
du GUD»(78), un groupuscule fasciste. Que ce souvenir soit exact ou
pas , on ne le sait pas. Une chose est sûre, ce genre d'expériences a existé et demeure encore
aujourd'hui, si bien qu'on ne peut pas douter de la véracité d'une telle action. Cet exemple est
d'autant plus intéressant qu'il provient peut-être, dans sa totalité, ou en partie seulement,
de la mémoire ou de l'imagination de l'auteur. Une chose est sûre, tout militant d'extrême-gauche
a des images, autant de souvenirs d'actions semblables à celles-là. Si lui-même n'a pas vécu
une aventure similaire, il puise nécessairement dans l'imaginaire collectif de son milieu, qui est plein
de récits d'affrontements, transmis avec plus ou moins d'exactitude, transformés par le temps et
surtout l'exaltation.
Le statut de ces faits d'armes est semblable à celui de l'actualité et de l'Histoire. Ni tout à
fait exactes, ni tout à fait floues, ces actions s'intègrent dans le récit fictif, au point
de faire douter le lecteur sur leur existence. Qu'ils trouvent leur origine dans l'immédiateté ou
dans le souvenir que certains gardent d'époques bien précises, ces faits, à l'image des actions
d'éclats dont se réclament les membres de la même communauté idéologique trouvent
leur finalité dans l'évocation qu'on en fait. Ayant souvent leur fondement dans une tradition orale,
dite du bouche à oreille, ils trouvent une consécration par l'écrit, en se fondant dans l'Histoire.
On peut d'ailleurs penser raisonnablement que ces événements retrouveront, par le biais de cette
série, un canal de diffusion orale. Comment ne pas citer, pour finir, ces quelques phrases extraites d'une
interview/biographie de Jean-Bernard Pouy, qui résument parfaitement le rapport que l'auteur engagé
peut entretenir avec l'Histoire :
«Il [Pouy] a commencé dans la vie comme animateur culturel au lycée Romain-Rolland d'Ivry.
Là-bas, les garnements l'asticotent : «Tonton, raconte-nous les barricades.» Au fil des années,
Pouy reinvente Mai-68 dans des versions multiples, de plus en plus proches de Mad Max. C'est à ce moment
que le romancier se révèle.»(79).
Il est désormais nécessaire d'analyser et de comprendre les visées des auteurs. Parsemant
leurs récits de faits qu'ils jugent importants, n'est-ce pas là une revanche face à la démobilisation
et au consensus mou ? Faisant fi des censures et des mensonges médiatiques, le travail de l'auteur engagé,
donc par voie de fait, de l'auteur d'un Poulpe est celui d'un révélateur. Apporter la lumière
sur les zones d'ombre, sur l'Histoire, perpétuellement remaniée et remise en cause, voilà
quelle semble être la tâche de l'écrivain dans une série telle que celle-là.
Il faut se rendre à l'évidence, puisqu'on se rend de plus en plus compte que dans cette collection,
aucune place n'est laissée au hasard, que le traitement réservé aux faits, historiques ou
immédiats, contient du sens. Démasquer ce qui, pour une raison ou pour une autre, est dissimulé,
ou dans le meilleur des cas en partie oublié semble être un des buts de ces ouvrages.
Dévoiler et démasquer
Il n'est nul besoin de multiplier les exemples qui tendent à prouver que le message véhiculé
par ces ouvrages est un message dénonciateur ; il suffit de s'attacher à étudier l'épisode
écrit par Didier Daeninckx pour avoir la parfaite représentation du caractère engagé
de la série. En effet, dans Nazis dans le métro, l'auteur dresse, tout en proposant une intrigue
fictionnelle sans accroc, un véritable réquisitoire contre un mouvement d'extrême-droite qu'on
appelle les «bruns-rouges». Sans rentrer dans les détails, cette tendance regroupe des rescapés
de la gauche la plus ultra et des fascistes tercéristes, dans une alliance antisémite, raciste, anti-capitaliste
et ultra-nationaliste. Cette frange, même si elle demeure extrêmement minoritaire, a su contaminer
un certain nombre de cercles politiques, dans les hautes instances de partis réputés inattaquables
dans le domaine du racisme et de l'antisémitisme. Pour simplifier notre propos, ces «nationaux-bolchéviques»
existent, pratiquent l'entrisme, et représentent un danger bien réel. Le travail de Daeninckx a été
de trouver des armes pour lutter contre ces avancées insidieuses. Il découvrit l'existence de ces
groupuscules, pendant une manifestation, où, par solidarité, il acheta un exemplaire d'un journal
dont la teneur politique lui semblait respectable. La teneur antisémite des articles le choqua tellement
qu'il décida de dresser un état des lieux de ces cercles. Sa tâche ne faisait que commencer.
La capacité de ces militants à s'intégrer dans les groupes de réflexion, syndicats,
associations, partis étant énorme, Daeninckx a dû trouver des armes multiples et efficaces
pour être à même de lutter efficacement contre ces «nationaux-gauchistes». La rédaction
d'un épisode du Poulpe est une des armes choisie par Daeninckx. En plus d'une aventure, le lecteur bénéficie
d'un bilan des avancées de l'auteur dans ce domaine. Evidemment, et on comprend pourquoi, de nombreux termes,
lieux et patronymes ont été changés, transformant par exemple L'Idiot international en Imbécile
de Paris, égratignant au passage celui qui fut rédacteur en chef de ce «journal», le
défunt Jean-Edern Hallier. Par contre, tout le reste s'inspire directement de la réalité ;
peu importe que les noms ou les situations soient respectées, le but de Daeninckx étant dans un premier
temps d'alerter, de prévenir le lecteur de l'existence de telles formations politiques, et ensuite et selon
le vieil adage, de bien connaître son ennemi pour pouvoir le combattre. Bien sûr, on peut objecter
que ceux qui connaissaient déjà les liens entre l'ultra-gauche et l'extrême-droite tercériste
n'ont pas eu besoin de lire un épisode du Poulpe pour en apprendre plus , et pourtant, cet ouvrage, tout
en permettant la vulgarisation d'un sujet si obscur, reste une source de références et de connaissances
que les plus initiés seront à même d'apprécier.
Il ne servirait à rien d'essayer de trouver d'autres exemples qui montreraient la volonté évidente
de démasquer, de dénoncer...l'ouvrage de Didier Daeninckx est parfaitement représentatif de
cet état d'esprit. Tout en gardant une dimension fictionnelle, c'est-à-dire en ne sombrant pas dans
le travers du pamphlet pur et dur, ou du livre de propagande, les auteurs de la collection proposent des clés
que le lecteur est libre d'utiliser ou pas. Mais il est évident que si la trame le séduit, il va
s'intéresser, ne serait-ce que pour comprendre l'intrigue, à la teinte politique de l'ensemble, et
par là-même va apprendre. Le but premier des auteurs est donc atteint, ils ont réussi à
concilier la réalité et la fiction, l'intrigue et le politique, donc à raccorder une collection
de polars au monde.
Avant de passer à ce qui constituera le dernier point de cette étude, il faut reprendre ce qu'on
vient de mettre en relief. Trois composantes fondamentales de la série ont été mises en relief.
En premier lieu bien sur, on s'est attaché au personnage principal, et surtout à sa teneur politique.
On se rend bien vite compte que Le Poulpe n'est pas un enquêteur traditionnel. Si on a pu trouver dans tel
ou tel roman des relents d'anarchisme, peu en ont fait une profession de foi ; et c'est justement parce que son
esprit libertaire qui le guide, ou plutôt le condamne à s'élever contre les injustices du monde
moderne, que Gabriel Lecouvreur est unique. Ensuite, en utilisant le biais des ennemis du Poulpe, se sont directement
révélés les auteurs ; écrivains débutants ou aguerris, tous participent de la
même lutte. Derrière les jeux de mots et les clins d'oil, derrière les sous-entendus et la
variété des tons employés se profile une réelle prise de position. On parle d'auteurs
engagés. Peut-être le terme ne plairait-il pas à tous, mais il s'adapte pourtant à tous
ceux qui, sciemment ou pas prennent part à l'Histoire en la commentant. L'évoquer constitue déjà
une volonté de transformation. C'est pour ça que l'on s'est penché sur le rapport que les
auteurs entretiennent avec l'Histoire, afin de mettre en évidence les liens secrets qui unissent actualité
et passé. Se servant de la garantie que le passé confère au présent, et du vertige
que peut provoquer le présent en imitant le passé, les écrivains de cette série paraissent
dépasser le simple cadre du polar. C'est pour cela qu'il nous faut mettre à nu ce qui fait, ou ne
fait pas de cette collection un genre à part entière. Peut-être pourrons-nous alors comprendre
à quoi peut servir ce type d'ouvrages.
La suite...
(67)-Jean-Jacques Reboux. Entretien trouvé sur Internet (1997). 
(68)-Gérard Delteil. Chili incarné. Ed. Baleine (1996), p.152.
(69)-id.
(70)-Serge Meynard. Lapin dixit. Ed. Baleine (1997), p.21.
(71)-Gérard Lefort. Vomi soit qui malle y pense. Ed. Baleine (1997), p.9
(72)-François Joly. Chicagone. Ed. Baleine (1996), p.9.
(73)-Cesare Battisti. J'aurai ta Pau. Ed. Baleine (1997), p.143.
(74)-Michel Cardoze. Du hachis à Parmentier. Ed. Baleine (1997), p.23.
(75)-Michel Cardoze. Du hachis à Parmentier. Ed. Baleine (1997), p.19.
(76)-Roger Martin. Le G.A.L, l'égout. Ed. Baleine (1996), p.20.
(77)-id.
(78)-id.
(79)- Jean-Bernard Pouy. Entretien paru dans le Nouvel Observateur (16/22 janv.97).
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