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Comité poulpien : qui se cache derrière ?

Mise à jour :
13 janvier 1999

Les professionnels ont leurs mots à dire :
les voici !


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Le reste des critiques

L'Hebdo, Lausanne, 5 novembre 1998
Le Poulpe, phénomène éditorial bâti sur une idée de Jean-Bernard Pouy: un détective anar, genre Nestor Burma, mène un combat sans répit contre le fascisme et les injustices sociales sous la plume d'une kyrielle d'auteurs plus ou moins inspirés. A force de passer de main en main, le Poulpe est devenu sacrément informe. Publiés en rafale, les petits polars truculents du début sont devenus à peu près illisibles. Le film arrive un peu tard, au moment où l'élan initial retombe et l'intérêt s'émousse. En droit de craindre le pire, on découvre pourtant un spectacle plutôt sympathique. Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, a pris les traits à la fois naïfs et butés de Jean-Pierre Darroussin; sa copine Cheryl la frimousse espiègle et le popotin mutin de Clotilde Courau. Tous deux sont excellents. Autour du couple, gravite une prodigieuse cour des miracles, un ramassis de trognes couturées, poilues, édentées, tarins mahousses empourprés au jaja, gueules de raie et de rat, regards chafouins, yeux de fouine et tignasses en meule de foin. Bon, l'intrigue commence par être incompréhensible, avant de s'organiser dans le registre "petite ville bretonne gangrenée par le Front national et les magouilles". Mais l'intérêt réside ailleurs, dans la description sans complaisance des vices, dans le portrait très convaincant de l'humaine connerie, dans les répliques qui fleurent la brève de comptoir.
En dépit de ses incohérences, de ses baisses de tension, "Le Poulpe" cinématographique est plus vif que celui de papier. Dans les meilleurs moments, on pense à San-Antonio ou à Chabrol.

Antoine Duplan


, 12 octobre 1998

Quand des écrivains quittent le stylo pour la caméra et que leurs livres - très mode - font leur cinéma... Les deux néopolars fin de siècle qui sortent cette semaine hantent les mêmes bistros, peuplés d'une faune qui remplit la fonction de choeur antique et cause de la même chose, le fric sale dans une France profonde comme une fosse d'aisance. Chacun à sa manière, la pas triste et la pas gaie, la bonne et la mauvaise.
Ce n'était pas évident de donner un visage au Poulpe. On connaît le principe de cette série: un cahier des charges précis fourni à des auteurs différents et un personnage récurrent d'enquêteur atypique chargé de résoudre des affaires piquées dans l'air du temps. Guillaume Nicloux, 32 ans, l'un des auteurs, s'y est collé, encadré au scénario par Jean-Bernard Pouy (créateur du Poulpe) et Patrick Raynal (directeur de la Série noire).
Banco. Ça marche. Cimetière profané, clandestins exploités, élites locales impliquées, désopilante blonde raciste en campagne électorale, on prend le Front de front sans le nommer, voilà pour l'histoire joyeusement filandreuse mais somme toute assez salubre. Et si Nicloux n'a pas opté pour la demi-teinte, il a su réunir une savoureuse collection de tronches, peaufiner un dialogue à la San Antonio et, surtout, composer un couple parfait de justiciers décalés' Personne ne pourra plus imaginer le Poulpe autrement que sous les traits de Jean-Pierre Darroussin, antihéros drolatique et crédible, avec son ingénuité goguenarde et son obstination nonchalante, arpentant les ruelles glauques armé d'un talent fou et de pompes impossibles. Et tous lui envieront sa petite amie, Clotilde Courau, toujours remarquable dans ses rôles de petite mère Courage, et ici épatante, culottée (et déculottée !), enfin marrante.

Danièle Heymann

, 7 octobre 1998

Moins indigeste qu'annoncé, Le Poulpe nage dans une saucelepoulpe@roumieux.com trop épaisse et peine à déployer ses tentacules.
Pieuvres à l'appui


Cela fait maintenant plusieurs années que les éditions Baleine ont donné un coup de fouet à l'édition de romans policiers en poche en créant le personnage du Poulpe, genre de détective de comptoir traînant sa longue silhouette flegmatique dans tous les trous les plus paumés de la France la plus profonde pour résoudre les énigmes les plus sordides. Outre son physique un peu particulier, le Poulpe se caractérise par son indignation libertaire un peu naïve, son goût pour la bière et les vieux coucous et sa haine du FN. Après avoir débuté en fanfare par quelques excellents romans et force jeux de mots oiseux, la série a connu un succès spectaculaire et plutôt bienvenu puisque le Poulpe réinvestit un créneau de la littérature populaire dite "de gare" jusqu'alors totalement occupé par les pornographes fascistoïdes à la Gérard de Villiers. Mais cela fait quelques mois que, un peu échaudé par la qualité très médiocre des dernières livraisons, on s'était lassé du Poulpe et de tout l'étalage de bonne conscience de gauche que l'on trouvait dans la série. Mais dans sa stratégie de conquête, le Poulpe se devait de devenir aussi un personnage de cinéma. Ce qui est fait aujourd'hui avec Le Poulpe, le film de Guillaume Nicloux. C'est beaucoup moins raté que ce que l'on pouvait craindre mais beaucoup moins réussi que ce que l'on pouvait espérer. Cela tient d'abord au scénario, écrit à six mains par le réalisateur et les deux "créateurs" originels du Poulpe, Pouy et Raynal, deux pontes du polar français. Sauf que là, ils se sont sans doute bien marrés en écrivant ce scénario ponctué de bons mots «savoureux» (comme on dit) et d'aphorismes cinglants, mais nous on est un peu largués. S'il veut suivre cette enquête complexe qui accumule tous les méchants du monde (profanateurs de sépultures, trafiquants de pauvres mecs irradiés, candidate facho, enlèvement d'enfants, on en passe et des plus affreux), le pauvre spectateur aura quelques difficultés. Toute cette accumulation est très probablement volontaire, dans un désir de grossir les traits d'un réel pas beau du tout. Cela finit cependant par devenir bien lourd. Par ailleurs, tout cela est mal filmé, avec beaucoup trop d'effets, très bien photographié et complètement englouti sous une bande-son trop branchée où l'on croise Aphex Twin et Horace Andy.
Mais le film se laisse voir plaisamment grâce au couple inattendu Darroussin-Courau, qui fonctionne très bien, à la galerie patibulaire de personnages secondaires et à l'utilisation des lieux portuaires nocturnes qui servent de décor à l'intrigue (Saint-Nazaire ?). Mais on attendait mieux, moins parodique et plus personnel, de l'association cinématographique Pouy-Raynal.

Christophe Musitelli


, 8 octobre 1998

Il y a au moins une bonne idée dans cette excroissance donnée à la série policière : Jean-Pierre Darroussin, dont on sait qu'il est toujours excellent, est parfait dans le rôle du Poulpe. Clotilde Courau, sa copine Cheryl, n'est pas mal non plus et les dialogues font souvent mouche. Pour le reste, les auteurs n'ont pas trahi l'esprit des romans : le scénario est aussi feignasse que le sont la plupart des livres. Que le Poulpe abandonne le 11ème arrondissement de Paris, théâtre de ses exploits littéraires (enfin, littéraires ... ), pour une petite ville de Loire-Atlantique ne change donc rien à l'affaire. Amoureux des belles pompes, libertaire et de gauche, le personnage évolue toujours dans un océan de merde, entouré de tarés, d'alcolos, de loquedus et d'abrutis dont on se demande en quoi ils méritent qu'il se décarcasse.

Pascal MERIGEAU

, 8 octobre 1998

En 1995, Jean-Bernard Pouy a eu une drôle d'idée. Cet ex-animateur culturel, écrivain hors norme et agitateur patenté, se dit «amoureux de la littérature populaire». Regrettant la disparition des romans de gare au profit des seuls SAS et autres Brigade mondaine, il décide de relancer le genre. Il imagine alors un héros récurrent, le Poulpe, avec, à la clé, un cahier des charges assez précis : chaque volume est écrit par un auteur différent. qui a toute liberté pour inventer une histoire délirante. Seule «contrainte» : concocter un titre-gag, du genre Lazard dîne à l'huile ou L'Amour tarde à Dijon.
Une centaine de petits romans ont ainsi vu le jour. Au fil des parutions, le profil du Poulpe s'est affiné: un détective énigmatique, anar, râleur, taciturne, qui, pour conclure chacune de ses enquêtes. prend la vilaine habitude de se payer sur la bête. Alors que sa petite amie, Cheryl, coiffeuse de son état, brille par ses outrances et sa grande gueule. L'idée d'une transposition sur grand écran est venue tout aussi naturellement à Pouy. La tâche n'était pas simple: il fallait trouver le réalisateur adéquat - Guillaume Nicloux, lui-même auteur d'un des volumes de la série - et un scénario loufdingue qui dresse un bon portrait des personnages.
Voilà donc le Poulpe, au cinéma, lancé dans une enquête mêlant cadavres, sexe et politique. Le résultat est inégal mais l'essentiel est sauf: on retrouve là l'esprit de la série. Cela essentiellement grâce aux comédiens: Jean-Pierre Darroussin, extraordinaire de sobriété, campe un Poulpe idéal. pince-sans-rire, flemmard, teigneux à souhait, et ouvertement anar. Clotilde Courau est parfaite: elle en fait des tonnes, ce qui colle exactement au caractère impétueux de cette sacrée Cheryl. On rit beaucoup, et souvent jaune, tout comme dans ces fichus petits bouquins...

Renaud BARONIAN


, 7 octobre 1998

Gabriel Lecouvreur, dit le Poulpe, héros de série policière à auteurs multiples, est un mélange de Mike Hammer et de rocambole. Un dur qui n'a pas froid aux yeux : «pour l'attendrir, faut taper dessus.»
Le film de Guillaume Nicloux est réjouissant, dialogues et interprétations de choc : Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau, Stéphane Boucher, Julie Delarue, Aristide Demonico sont percutants comme les dialogues.


, 7 octobre 1998

Au rayon littérature policière, le Poulpe a fait son petit effet. Les ventes se sont envolées. La collection s'est enrichie d'une série parallèle qui met en avant la petite amie du Poulpe, la coiffeuse Cheryl (à l'écran, Clotilde Courau, toujours aussi bien). Les lecteurs apprécient ce héros, désabusé comme il se doit mais en butte à une réalité très contemporaine: le fascisme qui' n'ose pas dire son nom et se maquille en respectable extrême droite. Le film de Guillaume Nicloux a le mérite d'être clair là-dessus, comme les bouquins. Les méchants ne sont pas des méchants d'opérette mais des figures familières du petit monde politique français. Las, voilà qui appelait pour le moins un traitement de la mise en scène du même niveau, assez radical. Mais le Poulpe aurait-il alors la moindre chance de succès? Filmé en scope, avec le renfort d'effets visuels qui surgissent sans vraie raison, mais qui veulent peut-être faire mode, Le Poulpe est un drôle de mélange... qui ne fonctionne pas du tout. Mélange d'underground militant et de polar à l'ancienne, façon Audiard. Les réelles qualités du film passent a ors pour des,défauts : l'ambiance glauque paraît artificielle, le dialogue avec ses bons mots devient incongru et la trivialité n'est souvent que plate vulgarité. Que le réalisateur ait un certain talent pour installer les ambiances ou que les acteurs soient irréprochables ne change rien à l'affaire. Le meilleur, dans Le Poulpe, c'est encore sa bande-annonce.

, 5 octobre 1998

Le détective de l'an 2000
Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, détective privé, redresseur de torts, tendance anar, fait depuis trois ans la joie des amateurs de polar. Cent quarante volumes (aux éditions Baleine), c'est un phénomène de librairie! Le ton actuel, le langage cru et le cynisme lucide font le succès du «Poulpe». Pour incarner ce faux nonchalant et vrai iconoclaste, on ne pouvaix mieux choisir que l'excellent et quelque peu décalé Jean-Pierre Darroussin («Cuisine et dépendances», «Un air de famille»), qui méritait bien cette consécration du premier rôle. Avec Clotilde Courau assumant crânement le rôle de Cheryl, la pulpeuse coiffeuse, fiancée officielle du Poulpe, ils forment un couple qui fonctionne à merveille. Le meurtre d'un organiste au masque de latex et la profanation d'un cimetière vont les amener en Charente pour des «vacances» mouvementées. Enquête à tiroirs et intrigue emberlificotée, selon la loi du genre, jalonnée de scènes chocs et de gags... «poulpesques»! Dosage délicat et joli travail pour le réalisateur Guillaume Nicloux.

Chronic'art, octobre 1998

Renfermant l'action dans un petit port, les scénaristes limitent de même le nombre d'intervenants. Tout vient de là, on y reste, on résout le tout, et on se casse. C'est simple, Le Poulpe contrôle. Et c'est précisément ce qui nous rattache le mieux au film : on voit rapidement quelle place occupe X ou Y, qui il faut écouter, disculper, ne pas oublier ou éliminer. Mais cette situation engage aussi un langage approprié, propre à chaque personnage : le barman pince sans rire et blasé (Philippe Nahon) ; le "collègue" du Poulpe, Pédro, vieux soûlard ; la Fouine, qui donne l'impression d'être continuellement branché à l'ecsta... Mais les plus impressionnants restent Jean-Pierre Darroussin et Clotilde Courau : lui, en chaussures blanches de plastique ou en espadrilles, reste impassible, la tête froide, répétant à tout va : "n'importe quoi, lui" ; elle, habillée de jaune (en latex et moumoute), complètement larguée puisqu'elle pense prendre de tranquilles vacances...
Le Poulpe ne cesse donc de nous faire rire par ces situations loufoques. C'est le comique de répétition qui est d'usage ici. Guillaume Nicloux filme ces aventures sans prétention, en gardant un rythme pour le moins plaisant. A noter une bande-son pour le moins bien choisie : The Pixies, Nick Cave, Craig Amstrong, mais aussi des titres plus anecdotiques comme ceux de Luis Mariano et Fréhel (la belle mama de Pépé le Moko). Bref, ça valait bien une grande campagne de pub !

Amandine Moulette

L'affiche du film

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