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Comité poulpien : qui se cache derrière ?

Mise à jour :
13 septembre 1998

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« Bien sûr, j'ai honte »

Pour cette première rencontre, le Comité poulpien a pris l'avion, direction la Guadeloupe. Après avoir vomi tout son malheur, l'Encornet débarque peu sûr de lui sur cette terre hostile qui décidément, ne ressemble en rien au XIème arrondissement. Trottinette, toujours vaillante, prépare le matériel de chasse : un carnet, un crayon, et une solide corde. Deux jours après, retrouvons nos deux salauds dans la région de la Basse-Terre, au pied de la Soufrière, en fort bonne compagnie : Jacques Vettier, auteur de La petite marchande de doses, est ligoté et prêt à tout nous dire.



Alors mon gars, on a écrit son Poulpe, il cause de quoi le tien ?
Ouais... Je savais bien qu'un jour, quand je serai grand, on me le reprocherait, mais la tentation était trop forte... Y cause de bateaux qui vont sur l'eau, parfois sous l'eau, de produits défiscalisables.
 


  C'est tout ce que t'as a nous dire ? Ben c'est pas un roman qu't'as écrit, c'est un slogan publicitaire...
C'est que je me disais que vous aviez des têtes d'investisseurs. Paf! Ouille! Bon ça va, je le ferai plus... Alors voilà, y a un type qui donne à Gabriel sa vision de la défiscalisation des bateaux de plaisance : "La défisc, c'est où y a le pognon mais pas la sueur". Résumé succinct, et qui a lieu à trois heures du matin dans un bouge du Carénage, à l'est de Pointe à Pitre, entre Dos-Equis (bière, rousse) et Père-Labat (rhum blanc, 59°). N'empêche que Gabriel se dit qu'il y a peut-être une corrélation avec la disparition d'un voilier et la mort de la fille qui le convoyait. Que la piste coke avancée par les journaux ressemble de plus en plus à un écran de fumée. Et quand une charmante Antillaise lui sert d'autres informations sur un plateau, il en est carrément convaincu. Sauf que la charmante a d'étranges relations. Du genre à manier la machette sans discernement. La défisc', finalement, ça peut faire transpirer. Quant à la mer, elle est profonde.


C'est qui les ennemis ?
Question de position. Pour moi, là, ça pourrait être vous, mais c'est peut-être que la corde est trop serrée. Pour vous, vu l'heure, ça ne va pas tarder à être les moustiques, y vont vous bouffer sur pied, demandez à Gabriel! Et si vous restez à l'ombre de ces mancenilliers et qu'un grain arrive, leur sève va vous trouer la viande. Dans les îles paradisiaques, faut être attentif. Pour le reste, comme vous m'avez l'air sympathiques, je vais vous proposer un truc. Vous me détachez, et grâce au stylo magique, je vous montre un peu de cette histoire de Poulpe, en direct, comme si vous y étiez. Le mal de mer est en option.

- Y nous prend pour des truffes, remarque l'Encornet.

- On dirait, renchérit Trottinette juste avant de se coller une gifle pour écraser un moustique. Qu'elle rate.

- Vous pouvez me détacher une seule main, ça suffira. Mais faudrait vous magner, y a un grain qui arrive.
 

Non mais il nous prend pour des bleus, il est pas au courant qu'on est arrive à nos fins avec Sagan et Modiano !
Bon on reprend les festivités :
T'en avais lu beaucoup, de Poulpes, avant d'écrire le tien ?

Quatre (Pouy, Raynal, Simsolo, Reboux), car je l'ai écrit en mai 1996 et les Poulpe ne sont pas distribués en Guadeloupe. Depuis j'ai dû en lire une vingtaine, je fais provision à chaque passage en métropole.






Je vous promets qu'l'année prochaine, j'essaie d'écrire dans la Blanche ! !

Un Poulpe pour toi, c'est une commande ou une création ?
Une création. Une sorte de pulsion irrésistible! J'aimais bien l'idée de la collection autant que le caractère de Gabriel Lecouvreur, alors j'ai envoyé mon manuscrit par la poste.
 

  Comment définirais-tu ton Poulpe ?
Net d'impôts

  T'as pris du plaisir, espèce de vicieux, en écrivant ce Poulpe ?
Vi vi vi vi! Et si ça n'avait pas été le cas, j'aurais laissé tomber, la création dans la douleur c'est pas mon rayon. Mais bien sûr, j'ai honte...

Bon ca commence à attaquer, cette pluie tropicale, tu vas te magner de cracher le morceau.
C'est vraiment parce que je ne tiens pas à vous voir partir en lambeaux, j'ai pas encore déjeuné.
 

  Justement, le Poulpe, tu le cuisines comment ?
Au restaurant, c'est plus commode. Et en fricassée, c'est ce que je préfère. Une fricassée de chatous, mmmm voooui! Faut quand même se méfier du piment, ça peut faire très mal!

Parlons de Gabriel, l'envie t'a pas prise d'en finir avec lui ?
Ah non, l'idée ne m'a même pas effleuré. Je dois être d'un naturel doux et compatissant.
 

Alors tu fais le marlou parce que maintenant tu fais partie de la (grande) bande à Pouy ?
Ouaip! Désormais je suis beau et intelligent et les femmes se pâment quand je traverse la rue (n'est-ce pas Trottinette?), c'est ça l'effet JB.
 

  Tu te connais des ennemis dans le milieu du polar ?
Pour ça il faut avoir un poil de notoriété, à tout le moins faire un peu d'ombre à quelqu'un... Donc j'ai l'impression que je peux marcher tranquillement dans la rue sans gilet pare-balles. Je n'ai pas d'ennemis, mais je fais sans!

Tu devais avoir des projets avant qu'on te capture ?
Mmm oui, une tite plongée sur le tombant de la Passe à Colas. Mais bon, il sera toujours là demain












Fais-nous plaisir : dis-nous un truc pour qu'on te libère !

Des glaçons dans vos ti-punch?

Revenez quand vous voulez, j'rajouterai deux couverts...

et un peu de plomb !

[Interview réalisée par courrier électronique fin août 1998]