Au clair de la lune...






Suivez le guide...
Comité poulpien : qui se cache derrière ?

Mise à jour :
10 février 1999






couverture du bouquin> A Nantes et dans tout l'Ouest, l'école laïque a quasiment laissé la place à la catho. Le poulpe qui aime cette ville va y réveiller son anticléricalisme primaire. Va-t-il rallumer la guerre scolaire ? Gabriel va patauger entre : le directeur de l'INRI, lycée privé et sa drôle de morale ; deux journaleux tordus et puants qui veulent créer l'événement, quitte à l'inventer ; un maître de pension plutôt visqueux ; un prof folklo ; une jeune femme pleine de charme et de bon sens ; un maître auxiliaire immolé par le feu ; au milieu de ce mic mac un adolescent fugueur ; et Cheryl, trop occupée pour répondre au téléphone...

Par Christian Congiu Qui c'est ?




Le fait divers

Selon un torchon :
A Nantes, le nouveau grand lycée privé connaît des soubresauts :
La fièvre semble s'être emparée de l'INRI, l'Institut National de Réparations Industrielles. Signe des temps ou crise de croissance ? Des rumeurs font état de troubles à l'Internat, des parents d'élèves commencent à s'inquiéter et même à évoquer des actes de pédophilie...

Selon le Parisien :
Un professeur remplaçant s'immole par le feu à Montaigu. 

Du côté de la critique...

Le sujet ne saurait laisser indifférent un libre penseur. Il est question, en effet, de sombres drames tramés au sein d'un lycée privé. Le Poulpe va y réveiller son anticléricalisme (primaire, nous confie la quatrième de couverture). C'est noir, c'est glauque, c'est plein de personnages à la dérive, englués dans leur morale et leurs contradictions. Bref cela ravira les amateurs du genre.
La ville de Nantes sert de terrain d'action au héros, qui déambule dans les rues à la manière d'un touriste consciencieux, mais qui va rapidement se muer en iconoclaste vengeur, en improbable Hercule nettoyant les écuries d'Augias.
On a l'impression de mieux respirer, tourné vers la mer, lorsque le feu est passé, même si son mal de dents lui a laissé quelque part un goût amer.

Claude Singer, 32, La Libre Pensée 95


J'ai donc lu Le Poulpe, d'une traite, ce qui est bon signe, non ? Surtout pour un genre (le polar), qui ne me branche pas spécialement, a priori.
J'ai beaucoup aimé le début, pas très polar, justement, et plutôt roman psychologique. (.)
J'ai lu, ensuite, pas trop pour l'intrigue, à mon goût très secondaire, mais pour ton style, toujours aussi nerveux, fiévreux, dynamique. Et pour voir comment tu allais démêler cet écheveau, dont les fils croisés parfois m'amusaient, parfois aussi m'agaçaient (.)
Pour moi, c'est à la fois rigolo et un peu gênant de retrouver les thèmes bibliques de tes autres livres, genre prophètes et autres emmerdeurs, les réminiscences de mai 68, les rancours contre l'enseignement privé et les internats religieux (là, j'aurais de l'eau à apporter à ton moulin, ayant fréquenté 7 ans les dits internats).
Le plus grand plaisir que j'ai éprouvé (outre celui du style, dont je loue de nouveau les qualités musclées - un peu moins le goût des calembours) est de suivre ce jeu de piste qui promène les initiés dans les méandres de ton ouvre, de livre en livre ; et c'est sans doute ce que j'admire le plus : la manière que tu as de faire passer, dans un genre aussi stéréotypé que le polar, toutes les composantes de ton univers.

Brigitte Niquet, Rédac chef de Nouvelle donne*

* Ceci est donc une lettre personnelle, la rédaction de ce magazine refuse les articles des membres entre eux.



"Il se sentit plein de la sainte colère d'un Attila, d'un Aguirre, d'un Orlando furioso, d'un Poulpe au fond des mers et dérangé par un Jules Verne indécent qui serait venu lui titiller la poche d'encre..." p.94



Impressions

"Si Gabriel traîne son blues et sa mauvaise humeur jusqu'à Nantes dans une affaire religieuse, on s'en doute, ce n'est pas pour tenir le rôle de l'Ange ! Est-ce que ce ne serait pas une forme de destin des fois ? (c'est ce que semblent vouloir dire les apparitions prophétiques de ce fou nommé « L'hô », personnage hautement atypique).
Gaby en «poor lonesome cowboy», qui lit l'Antechrist de Nietsche ? Pourquoi pas ! ?
Le manque de rythme dilue un peu vite l'intrigue ( éducation + pédophilie = sujet sans surprises) mais permet heureusement à Christian Congiu de brosser des personnages en mal de vivre crédibles et surtout un Poulpe quasi-nihiliste, endolori, qui s'interroge et règle ses comptes avec la bien-pensante morale (au delà de la religion même: ce qui serait bien trop facile) : on retiendra pour leçon : «ce n'est pas tant Dieu qui est gênant que ceux qui l'utilisent
»."

Marie-Claude, Paris 20ème