Du côté de la critique...
"Les Damnés de l'artère" se déroulent à Bruxelles. Cheryl, qui est coiffeuse à Paris, est invitée chez nous pour suivre un stage chez le fameux artiste capillaire Jacques Pervenche. Peu avant son arrivée, Angelo, un confrère bruxellois, s'immole sur le quai de la gare Schuman. Le brave garçon était membre depuis peu de la secte des Pères Rédemptoristes de la Résurrection de la Vierge Fidèle.
Angelo était la joie de vivre même, ce suicide est incompréhensible. Avec Anastasia, sa copine de stage, elles partent à la rencontre de ces drôles de paroissiens qui célèbrent leurs offices sur les marches de l'église désaffectée de l'ancien couvent des Rédemptoristes dans la rue Belliard (c'est l'artère du titre).
Plongée effarante dans les entrailles d'un quartier européen où il n'y a pas que des fonctionnaires propres sur eux.
Le quartier désert le week-end et le soir redevenait la propriété d'autres membres de la communauté urbaine pas toujours aussi classe que la première, quoique... S'y côtoyaient ainsi le long des rues Taciturne ou Belliard d'authentiques squatters pauvres, des drogués, des trafiquants, diverses communautés...
L'un des personnages les plus remarquables de cette population clandestine qui survit dans les labyrinthes creusés au coeur des pâtés de maisons abandonnées en attente de démolition, c'est le Père-Abbé, anciennement employé aux abattoirs d'Anderlecht avant de se voir réveler le sens de sa mission sur terre : Des quatre coins de l'Europe, les anges du mal sont venus s'installer dans ce quartier, ils ont démoli nos maisons, nous ont volé notre quartier, ont chassé nos artistes, mais, devant ces instincts destructeurs, un homme s'est levé. Cet homme, c'est moi.
La nuit, il se glisse sous les bâches du Berlaymont évacué pour cause de désamiantisation : Je hante cet immeuble, bénissant ce lieu maléfique qui a pris la place d'un couvent, a détruit notre quartier et a imposé la tranche de mortadelle à 14 centimètres. Mais il n'est pas seul à fréquenter les jupes du Berlaymonstre la nuit. Un peu fêlé sans doute, mais vraiment pas bête, le saint homme va entraîner nos deux copines et quelques colorés comparses sur la piste de malfaisants distingués et impitoyables.
Marc Henry, Le Soir, Supplément Magazine des arts et du divertissement, 2 octobre 1996
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