Mise à jour :
17 août 1998
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> Un coup de fil ironique, un tract intégriste happé à la Goutte d'Or et signé "Le Protocole des Imams de Qom" - et voilà le Poulpe qui s'embarque, comme disent ses potes de la Sainte-Scolasse, dans une sacrée galère arabe : un projet parano de racket islamiste à l'échelle planétaire le fait passer du 11ème (place Voltaire !) à Riyadh avec sa shariah, au Caire avec son université millénaire al-Azhar, et à Téhéran, où il fait office de serveur chez un ayatollah ; entre religieux fanatiques, théologiens orthodoxes, agents butés, il y a les femmes, dont une journaliste de CNN qui lui en fait voir de belles.
S'il ne demande qu'à voir, son mot d'ordre reste : cherchez l'infâme.
Par Roger dadoun
Le déclic
Un commanditaire anonyme lui demande de "recueillir quelques informations sur une rumeur faisant état d'un grand projet de racket en milieu islamique, version intégriste pure et dure - sur les réseaux mis en place, les protocoles, objectifs, commanditaires etc."
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"- Oh Jo, le poulpe n'est pas un poisson, c'est un mollusque céphalopode...
- C'est-à-dire qui raisonne - "céphalo" - comme un pied - "pode" ! Toi tu servirais donc de pion, de leurre..."
Impressions
"Le pire du Poulpe, personne n'en rêvait et pourtant Roger Dadoun l'a fait... D'accord, le décor habituel y est (le bar, Pedro, Cheryl...) mais on découvre un Gabriel sans initiative propre, qui se laisse mener par le bout du nez par on ne sait qui et en plus on s'en fout.
Deux scènes pornographiques de bas étage même pas bandante du genre : "Gabriel se retient dans un ultime effort, pour accorder son éjaculation à l'éclatement orgastique de Kate, et tous deux, à l'acmé de la jouissance, poussent une longue et intense et commune clameur de joie qui domine et nargue les clameurs de haine et de mort de la foule en délire" ou encore "Gabriel pose sa main sur la toison soyeuse de Kate, soie crépitante, parcourt les lèvres chaudes, gonflées, de ses doigts attentifs, qu'il glisse à l'intérieur du vagin pour découvrir et s'émerveiller de sa riche et odorante viscosité".
Une consolation : ça permet d'apprécier d'autant plus les autres opuscules. M'enfin.
Ca ne vous a pas découragés ? Bon il ne vous reste plus qu'à essayer, vous verrez bien que nous avons un peu raison."
Florence, Paris 10ème
"Voilà un épisode un peu atypique. La trame policière est moins serrée que d'habitude. Roger Dadoun n'est pas un auteur de polar mais il sait admirablement jouer sur les mots et connaît bien le monde arabe où il nous promène allègrement, sous un jour que l'on a peut-être pas l'habitude de voir. Encore une différence avec les autres épisodes, le poulpe est malmené, il ne comprend pas vraiment le but de sa mission, et le lecteur erre avec lui dans un univers aux repères fluctuants. Ce Poulpe ressemble un peu à Tintin, et la dérision est constante. Un épisode pour les amateurs de différence."
Raymond, Montpellier
"Qui n'a jamais osé lire un SAS pour raisons éthiques et politiques peut enfin
s'en donner à coeur joie : raccourcis politiques, machisme nauséeux à base de
femelles pantelantes, clichés à la limite du colonialisme. C'est Malko chez
les anars, et c'est à oublier, vite."
Emmanuelle, Paris 11ème
"D'abord une faute impardonnable: la langue parlée en Iran n'est pas l'arabe mais le PERSAN, une langue indo-européenne, donc de la même famille que le français, l'italien, le russe... alors que l'arabe est une langue sémitique. Ensuite le "bazar" de Téhéran n'est pas un marché de village mais un vaste lieu d'échanges commerciaux, dont l'influence économique se ressent au niveau national, et qui a également une grande valeur historique. Rien à voir, donc, avec un endroit que l'on visite en "une après-midi". Enfin, s'il est normal de trouver dans les pages de tout bon polar quelques personnages ridicules ou détestables, il est en revanche inacceptable de décrire, comme le fait l'auteur, tout un peuple de fanatiques, d'ignorants ("la foule hurlant à la mort" - chap.5). C'est extrêmement insultant, et tout montre que cet auteur qui a garni la page de garde de son livre d'une bibliographie abondante ("La psychanalyse politique", "Freud", "De la raison ironique"...) ne connaît rien à l'Iran et aux Iraniens."
Farhad
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