humeur

où est la source ?

olivier roumieux - avril 2001 (Archimag)

Pour qu'un site web attire du monde, on a coutume de dire qu'il lui faut fournir du contenu. Qu'importe que ce contenu provienne de la société qui édite le site, ou bien qu'il soit agrégé, après partenariat à un producteur de contenus. Car aujourd'hui les contenus sont produits, comme les pommes de terre le sont par nos chers agriculteurs. Cette dérive lexicale implique que le texte d'une publicité soit strictement égal à celui d'un article scientifique, lui-même égal aux œuvres complètes d'Emile Zola, célèbre producteur de contenus. Bref, qu'importe ce qui passe dans les tuyaux, du moment qu'ils ne soient pas vides. En outre, la vente de contenus à divers portails, aux publics parfois différents, interdit l'élaboration d'une quelconque ligne éditoriale, qui risquerait de "typer" le propos. A terme, il y a évidemment risque d'uniformisation, puisque les sources se croisent au travers des portails, perdant ainsi toute identité. Le foisonnement quantitatif cache en l'espèce un appauvrissement qualitatif de l'information. Déjà, il devient de plus en plus difficile de pister l'origine de certains articles, sans parler des informations qu'ils renferment. Un exemple ? Quand vous cliquez sur l'une des informations présentées sur le site de Noos, le fournisseur d'accès à l'Internet, vous basculez chez Lycos, qui agrège lui-même des dépêches provenant de Reuters. Certains sites achètent du contenu sous "marque blanche", comme le fait déjà votre supermarché pour ses yaourts d'entrée de gamme. Parler dans ces conditions d'indépendance rédactionnelle devient une injure au bon sens de la nouvelle économie.

- Olivier Roumieux, page créée le 1er juillet 2001 -

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