humeur
Hier soir, entre la choucroute et le fromage, j'ai tenté d'expliquer à mon voisin les apports futurs du langage naturel pour notre vie quotidienne.
" - Imagine que tu recherches le disque du concert où Jimi Hendrix a massacré l'hymne américain. Tu n'en sais pas plus, ni le nom de l'album, ni le nom de l'hymne ; mais grâce à un système de recherche en langage naturel, une boutique de vente en ligne de cédés pourra te proposer immédiatement le bon titre…
- Mon disquaire préféré aussi ! "
Booonnn ! encore un infidèle avec lequel je devrai investir plus de temps, me dis-je in petto avec le calme du moine tibétain rencontrant l'incompréhension hilare du monde contemporain.
Samedi dernier, j'ai été réquisitionné pour un "forum des métiers" organisé par le lycée où j'ai fait mes premiers pas journalistiques. J'avais prévenu les organisateurs qu'outre le fait d'être "classé" parmi les journalistes, je voulais que l'on précise bien que je connaissais également les métiers de la documentation. Aucun lycéen n'a évidemment voulu en savoir plus sur la seconde partie de mon pedigree. J'entraînais malgré tout subrepticement un groupe de jeunes filles du journalisme vers les métiers de la documentation. Au terme de quelques bribes oratoires que je jugeais suffisamment explicites pour un auditoire de cet âge, je surpris un sourire quelque peu condescendant sur les lèvres de mon jeune public.
Alors quand Sylvie Fayet-Scribe, une brillante historienne qui vient de se pencher sur l'histoire de la documentation, m'affirme péremptoire : " Nous sommes les enfants d'exclus, notez-le bien dans votre journal ! ", je comprends mieux toutes ces discussions interminables autour des professionnels, des ingénieurs, des intermédiaires de l'info-doc, de leur place dans la société.
On n'a pas fini de se définir.
- Olivier Roumieux, page créée le 1er juillet 2001 -